
À peine deux mois après son investiture, la présidente namibienne Netumbo Nandi-Ndaitwah fait face à un scandale majeur : son ministre de l’Agriculture, Mac-Albert Hengari, accusé de viol et d’enlèvement, a été limogé. Ce coup dur politique révèle les défis persistants de la lutte contre les violences de genre en Namibie et fragilise l’élan de renouveau promis par la nouvelle cheffe d’État.
À peine deux mois après son entrée en fonction, la présidente namibienne Netumbo Nandi-Ndaitwah est confrontée à son premier scandale d’ampleur. Le ministre de l’Agriculture, Mac-Albert Hengari, a été démis de ses fonctions après avoir été accusé de viol, d’enlèvement et d’avortement forcé. L’affaire, qui secoue profondément l’opinion publique, intervient alors que le gouvernement ambitionnait de marquer une nouvelle ère politique, portée par une promesse de moralisation et d’égalité.
Selon les autorités policières, Hengari aurait tenté de soudoyer la victime présumée, aujourd’hui âgée de 21 ans, pour qu’elle retire sa plainte. Il a été arrêté samedi dernier et devrait comparaître prochainement devant la justice. Bien que la présidence n’ait pas explicitement évoqué les raisons de son limogeage, elle a confirmé que le ministre avait également été relevé de ses fonctions parlementaires.
Un revers cinglant pour la nouvelle présidente
L’éviction de Mac-Albert Hengari représente un coup dur pour Netumbo Nandi-Ndaitwah, première femme élue à la tête du pays avec 58 % des voix lors des élections de novembre 2024. La présidente, issue du parti historique Swapo, avait suscité un élan d’espoir en constituant un gouvernement à forte représentation féminine, inédit en Namibie.
Toutefois, la nomination de Hengari est aujourd’hui vivement critiquée, notamment par le principal parti d’opposition, les Patriotes Indépendants pour le Changement (IPC), qui accuse la présidente d’avoir fermé les yeux sur des soupçons d’enquête criminelle en cours contre le ministre depuis novembre dernier. Pour l’IPC, cette affaire souligne « l’échec profond des dirigeants » et la « vacuité de la rhétorique gouvernementale sur les violences de genre ».
Une Namibie confrontée à une crise de violences sexistes
Au-delà du choc politique, ce scandale met en lumière une crise plus large : celle des violences sexistes endémiques en Namibie. Avec plus de 5 000 cas de violences basées sur le genre enregistrés en 2022, dont près de 1 400 viols, la société namibienne est confrontée à un défi alarmant, exacerbé par une culture conservatrice et des lois restrictives sur l’avortement.
L’affaire Hengari, par son ampleur médiatique, pourrait bien raviver le débat sur la nécessité d’une réforme en profondeur pour lutter contre les violences faites aux femmes. Dans ce contexte tendu, la présidente Nandi-Ndaitwah se trouve à un tournant décisif : regagner la confiance d’une population meurtrie ou voir son mandat fragilisé par des promesses non tenues.