Le procès de huit anciens dirigeants de la société française de services pétroliers Bourbon a débuté, ce lundi 13 mai, devant le tribunal correctionnel de Marseille. Ils sont accusés d’avoir mis en place un vaste système de corruption d’agents publics étrangers au Nigeria, en Guinée équatoriale et au Cameroun, entre 2009 et 2012.
La société Bourbon, fondée en 1948, est l’un des leaders mondiaux dans le secteur des services maritimes pour l’industrie pétrolière. Elle est présente dans plus de 50 pays et emploie plusieurs milliers de personnes. Les faits ont été révélés en 2012, lorsque les douaniers de l’aéroport de Marseille ont découvert 250 000 dollars en liquide dans la valise de Marc Cherqui, alors directeur fiscal de Bourbon. M. Cherqui a d’abord expliqué qu’il s’agissait d’un bonus reçu de la part de son employeur, mais il a finalement avoué qu’il s’agissait d’un pot-de-vin destiné à un responsable fiscal nigérian.
Un système de corruption systématique
L’enquête qui a suivi a permis de mettre à nu un système de corruption sophistiqué. Elle montre que des pots-de-vin auraient été versés à des responsables fiscaux, des douaniers et d’autres fonctionnaires en échange de faveurs. Notamment des avantages qui auraient permis à Bourbon de réduire considérablement ses impôts dans les trois pays africains concernés. En outre, ces pratiques incluaient l’utilisation de sociétés écrans, de comptes offshore et de fausses factures pour dissimuler les paiements illégaux.
Les huit prévenus, dont l’ancien PDG de Bourbon, Gaël Olivier, encourent des peines allant jusqu’à dix ans de prison et 1 million d’euros d’amende. Le procès devrait durer plusieurs semaines.
Une première en France depuis de nombreuses années
Ce procès, qui arrive près de 14 ans après les faits, est un symbole important de la lutte contre la corruption en France. Le verdict sera suivi de près par les observateurs français et internationaux. Pour l’instant, seule est concernée la partie française, mais des répercussions au Cameroun, en Guinée équatoriale et au Nigeria sont à prévoir.
En plus des poursuites pénales, Bourbon a également fait l’objet d’une enquête de la part de l’Agence française anticorruption (AFA). En 2019, l’AFA a sanctionné Bourbon d’une amende de 3 millions d’euros pour avoir manqué à ses obligations en matière de lutte contre la corruption. Enfin, cette affaire a eu un impact majeur sur Bourbon, affectant ses contrats, sa réputation et sa position sur le marché.