En Afrique du Sud, le parquet abandonne les poursuites contre le président Cyril Ramaphosa dans l’affaire Phala Phala.
Le scandale Phala Phala a fait couler beaucoup d’encre. Impliqué dans une affaire de corruption et de blanchiment d’argent, le président Cyril Ramaphosa se retrouve au cœur d’un débat national sur la transparence et la responsabilité des dirigeants. Cependant, contre toute attente, le parquet sud-africain a récemment décidé de ne pas poursuivre le chef d’État, invoquant un manque de preuves. Quelles sont les raisons derrière cette décision ? Quelles conséquences pour la présidence Ramaphosa, déjà fragilisée par cette affaire ?
Un cambriolage qui vire au scandale
Tout commence en 2020 lorsque la ferme privée du président Cyril Ramaphosa, située dans la province du Limpopo, est cambriolée. Le butin est impressionnant : 4 millions de dollars en liquide. Mais ce qui attire l’attention n’est pas seulement l’ampleur du vol, mais les accusations portées contre le président par Arthur Fraser, ancien chef des services de renseignement. Ce dernier accuse Ramaphosa d’avoir dissimulé le vol aux autorités et d’avoir orchestré le kidnapping des voleurs pour acheter leur silence.
Ramaphosa, tout en reconnaissant le cambriolage, a nié toute implication dans une tentative de dissimulation ou de corruption. Le président a affirmé avoir immédiatement signalé l’effraction à la police. Toutefois, les accusations de blanchiment d’argent, liées à la somme volée, ont conduit à une enquête menée par une unité de police spécialisée. Les investigations se sont aussi concentrées sur d’éventuelles infractions aux régulations fiscales et aux contrôles des changes.
Le verdict du parquet : un manque de preuves
Après des mois d’enquête, le 10 octobre 2024, le parquet sud-africain annonce son verdict : aucune poursuite ne sera engagée contre Cyril Ramaphosa. Selon la procureure du Limpopo, les éléments recueillis ne permettent pas d’envisager une condamnation. « Il n’y avait aucune perspective raisonnable de condamnation sur la base des preuves contenues dans le dossier », a précisé le communiqué du parquet.
Cette décision marque un tournant inattendu dans cette affaire, qui avait terni l’image du président. Pourtant, des questions persistent, notamment sur la provenance exacte de ces 4 millions de dollars et sur les zones d’ombre entourant la gestion de cette crise.
Une image ternie et des répercussions politiques
Malgré cette issue favorable, l’affaire Phala Phala a profondément marqué l’opinion publique et a ébranlé la confiance dans la présidence Ramaphosa. Ce scandale, révélé en juin 2022, a joué un rôle dans les récentes difficultés électorales de l’ANC, le parti au pouvoir depuis la fin de l’apartheid. Lors des élections municipales de mai 2024, pour la première fois en trois décennies, l’ANC n’a pas réussi à obtenir une majorité absolue. La gestion du scandale a contribué à cet affaiblissement, alimentant le mécontentement populaire face à une présidence jugée opaque.