Madagascar est inquiète pour ses concombres de mer. La pêche illégale des holothuries se développe à Madagascar de manière préoccupante, malgré une réglementation qui se durcit. Les exportations officielles de ces concombres de mer, très prisés en Asie, ont chuté de 40%.
Madagascar est inquiète pour ses concombres de mer. Après leur disparition dans les eaux indiennes et au Sri Lanka, c’est au tour de l’Ile rouge de s’alarmer. Depuis quelques années, des pêcheurs sans autorisations pillent de manière significative le littoral malgache, notamment le nord-ouest. » Les quantités illégalement pêchées puis exportées correspondent vraisemblablement aux quantités légalement exportées. Ces dernières ont chuté de 40% « , avoue le Dr Edaly, directeur général du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques. Elles sont passées de 600 tonnes en 1999 à 340 tonnes en 2002.
Commerce asiatique
» La situation est inquiétante car il s’agit de réseaux bien organisés qui utilisent un matériel sophistiqué. En 2002, nous avons saisi environ 200 bouteilles de plongées « , précise le Dr Edaly. Or, d’ordinaire, la collecte d’holothuries s’effectue à la main, à marée basse, ou en apnée. Cette utilisation de bouteilles est la preuve matérielle, pour le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques, que le littoral s’appauvrit puisque les pêcheurs sont obligés de s’éloigner des côtes et de pêcher plus en profondeur.
Le commerce des holothuries se chiffre à près de 10 milliards sur les 1000 milliards de francs malgaches que représentent les exportations totales de produits halieutiques, premières sources de rentrée de devises pour Madagascar. C’est la peau séchée de ces concombres de mer, qu’on nomme trépang, qui est vendue en majorité à l’Asie où elle est consommée. Les exportations officielles vers l’Asie du sud-est représentent 80 à 90 % des exportations totales de trépang.
Trouver des solutions
Pour remédier au problème, le gouvernement malgache ne cesse de réglementer cette activité traditionnelle. Après avoir soumis la pêche à un permis d’exploitation (qui englobe la pêche, le traitement et la commercialisation du trépang), il en limite aujourd’hui la délivrance. En 2002, seule une trentaine d’autorisations ont été accordées à des pêcheurs. Le ministère a aussi fixé la taille du concombre au-dessous de laquelle il ne peut être collecté, soit un minimum de 7 cm.
Un projet d’élevage de concombres de mer à Tuléar, initié par l’Institut halieutique et des sciences marines, a également vu le jour il y a trois ans. Le projet en est au stade de la maîtrise de la croissance du trépang. Il a pour ambition de vulgariser la technique auprès des pêcheurs des villages malgaches pour préserver une espèce aujourd’hui menacée. Sa réussite assurerait la relance des exportations. Elle permettrait surtout aux communautés du littoral qui ont axé leurs activités sur l’exploitation du trépang de survivre.