Longtemps sur la réserve, le ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances Azouz Begag s’est fâché avec Nicolas Sarkozy suite à ses déclarations sur le nettoyage des quartiers « au kärcher » et, plus récemment, sur « les moutons égorgés dans la baignoire ». Il revient sur sa relation avec le candidat aux présidentielles dans un livre, Un mouton noir dans la baignoire, publié le 11 avril prochain.
Ce n’est pas pour reprendre sa « pleine liberté de parole » qu’Azouz Begag aurait démissionné, comme l’a annoncé jeudi soir Matignon dans un communiqué. Selon l’hebdomadaire français Marianne, le ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances, l’un des deux membres du gouvernement à soutenir la candidature de l’UDF François Bayrou aux présidentielles d’avril prochain, a été poussé vers la sortie pour avoir écrit un livre à charge contre l’ex ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, candidat de l’UMP.
Un mouton noir dans la baignoire doit paraître aux éditions Fayard le 11 avril prochain, soit onze jours avant le premier tour des élections. Marianne, dont Jean-François Kahn, le directeur de publication, ne fait pas mystère de son soutien à François Bayrou, en publie les bonnes feuilles ce samedi. Selon le quotidien Le Parisien, l’ex ministre explique notamment dans son livre comment Nicolas Sarkozy a un jour menacé au téléphone de lui « casser la gueule ». En visite à Villeurbanne, près de Lyon, ce dernier a ironisé jeudi sur la démission : « Vous me l’apprenez. Donc, il va parler maintenant. Voilà une bonne nouvelle !»
L’ex minot de la Duchère tique sur le nettoyage au kärcher
Durant les premiers mois de son activité ministérielle, Azouz Begag, sociologue de formation et écrivain, est resté réservé voire étrangement creux en comparaison aux positions prises dans ses livres… Jusqu’à la crise des banlieues de l’automne 2005. L’ancien minot de La Duchère, un quartier de la banlieue lyonnaise, auteur du Gone du Chaâba, un roman autobiographique sur son enfance dans un bidonville, n’a pas apprécié les déclarations tapageuses du ministre de l’Intérieur, en novembre 2005, sur le nettoyage des cités « au kärcher ».
Alors que les deux ministres ne « s’adressaient plus la parole », de l’aveu d’Azouz Begag, le divorce a été consommé après le passage du candidat de l’UMP à l’émission politique « J’ai une question à vous poser », le 5 février dernier, sur la chaîne privée TF1, où des citoyens interrogent les candidats aux présidentielles. Alors qu’il était accusé de chasser sur le terrain du Front national avec sa déclaration : « la France, tu l’aimes ou tu la quittes », Nicolas Sarkozy s’est justifié en allant plus loin encore.
« Si Le Pen dit le soleil est jaune, je ne vais pas dire qu’il est bleu »
« Si Le Pen dit : « le soleil est jaune », je ne vais pas être obligé d’arriver en disant « il est bleu ». Personne n’est obligé, je répète, d’habiter en France. Mais quand on habite en France, on respecte ses règles. C’est-à-dire qu’on n’est pas polygame, on ne pratique pas l’excision sur ses filles, on n’égorge pas le mouton dans son appartement. »
Libéré de sa parole bien avant d’avoir démissionné, le ministre d’origine algérienne, visiblement dépassé par la teneur des propos de son collègue et hors de lui, avait réagi dans l’émission En aparté, sur la chaîne privée Canal + : « On n’a pas besoin d’aller draguer l’extrême droite en parlant à la télévision devant 12 millions de téléspectateurs de l’immigration et d’associer des moutons égorgés dans la baignoire… l’excision des filles… Moi, ça fait 20, 30 ans que je n’ai pas vu de mouton égorgé dans la baignoire (…) Qu’est ce que c’est de créer un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale, on voit bien ce que ça veut dire, non ?… » Non ?
Azouz Begag dans « En Aparté »
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