L’ancien chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy, a été placé ce mardi matin en garde à vue, dans le cadre de l’enquête sur des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Il a été entendu dans les locaux de la police judiciaire de Nanterre. Retour sur une longue histoire ou se mêlent des intermédiaires célèbres, comme Alexandre Djouhri et Ziad Takieddine, mais aussi des assassinats toujours non élucidés.
Nicolas Sarkozy a été placé en garde à vue dans l’enquête sur des soupçons de financement illicite concernant sa campagne présidentielle de 2007. Il a été interrogé par les agents de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF).
Nicolas Sarkozy pourrait être présenté aux magistrats à l’issue de sa garde à vue, qui peut durer 48h, afin d’être mis en examen.
Ce rebondissement dans l’instruction du dossier, ouvert depuis avril 2013, pourrait être lié à la récente arrestation d’un intermédiaire, l’homme d’affaires Alexandre Djouhri, présenté comme un personnage clé de l’enquête, a été arrêté en janvier à Londres en vertu d’un mandat d’arrêt européen émis par la justice française.
A noter que l’ennemi intime d’Alexandre Djouhri, Ziad Takieddine, l’homme qui a introduit Nicolas Sarkozy auprès de Mouammar Kadhafi, avait été un précédent détonateur dans cette enquête en déclarant avoir apporté à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur fin 2006 et début 2007, plusieurs valises d’argent liquide préparées par le régime libyen, pour un montant total de 5 millions d’euros. « J’ai découvert des choses qui ne méritent plus d’être cachées », déclare-t-il, en annonçant son intention de « raconter exactement les faits à la justice ».
Ce témoignage venait renforcer l’enquête publiée en 2012 par Mediapart qui révélait que la justice française avait obtenu le carnet d’un ancien haut dignitaire du régime libyen de Mouammar Kadhafi détaillant trois versements destinés à financer la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Au total, trois versements pour 6,5 millions d’euros auraient été effectués. Ce carnet appartenait à Choukri Ghanem, ancien ministre du Pétrole par ailleurs proche de Mouammar Kadhafi. Ce haut dignitaire a consigné dans son carnet le compte-rendu d’une réunion, à la date du 29 avril 2007, où est évoqué le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy. Bachir Saleh, directeur de Cabinet de Kadhafi, aurait ainsi assuré avoir transféré 1,5 million d’euros à Nicolas Sarkozy.
Deux autres versements sont détaillés dans ce carnet : un de 3 millions d’euros, envoyé par le fils de Mouammar Kadhafi, Saïf al-Islam Kadhdafi, et un autre de 2 millions par l’ex-chef des services secrets intérieurs libyens, Abdallah Senoussi. Au total, ce sont près de 6,5 millions d’euros qui auraient donc été transférés. Le propriétaire de ce carnet, Choukri Ghanem, est décédé. Son corps sans vie a été retrouvé flottant sur le Danube, à Vienne, le 29 avril 2012. Mediapart insiste que « de nombreuses zones d’ombres et incohérences continuent d’entourer cette disparition ». L’ancien haut dignitaire avait été retrouvé mort au lendemain de la publication, par Mediapart, dudocument évoquant l’accord des autorités libyennes pour financer la campagne de Nicolas Sarkozy à hauteur de 50 millions d’euros.
Autant d’éléments qui ont aussi entrainé une rumeur importante, le fait que Mouammar Kadhafi ait été tué par les services secrets français ?
D’après le journal italien Corriere Della Sera, ce serait « certainement un agent français » qui serait à l’origine de la mort du colonel Kadhafi. « Sarkozy avait toutes les raisons d’essayer de faire taire le colonel, et le plus rapidement possible », d’après des sources diplomatiques européennes. Le quotidien britannique Daily Telegraph, donne une version similaire à celle du journal italien. Interrogé par le quotidien, Rami El Obeidi, ancien responsable des relations avec les agences de renseignements étrangères du CNT, précisait alors que « les services français ont joué un rôle direct dans la mort de Kadhafi ».