Sahraoui : la renaissance d’un grand du raï


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Un homme libre (pochette de l'album de Sahraoui)
Un homme libre (pochette de l'album de Sahraoui)

Séparé dans la vie comme sur scène, de sa compagne de toujours, Sahraoui évolue désormais en solo. Libéré de la contrainte d’écrire et de composer pour deux, l’artiste algérien peut enfin donner libre cours à son inspiration. Avec son nouvel album raï, « Un homme libre », il ambitionne de retrouver une place parmi les grands. Interview.

Le célèbre duo Fadela-Sahraoui n’est plus. Un quinzaine d’albums, plus d’une centaine de cassettes, leur discographie laisse pantois. Les inséparables du raï, par ailleurs mari et femme dans le civil, auront fait danser toute le Maghreb et bien plus encore au son de leurs nombreuses productions. Et puis le divorce en 1997. Une banale histoire de divorce, comme il en arrive souvent. Le couple se sépare, une carrière s’achève. Un mal pour un bien. Sahraoui étouffait. Obligé d’écrire et de composer pour deux, il se sentait étriqué dans son inspiration. Sa rupture est pour lui un tournant. Il peut désormais donner libre cours à tous ses projets artistiques. Son premier album solo au titre très évocateur, « Un homme libre », aura nécessité deux ans de travail. A 39 ans, l’artiste qui souhaitait prendre un peu de recul, désire retrouver une place parmi les ténors d’un courant musical dont il aura été l’un des précurseurs : le raï.

Afrik : Votre album solo s’intitule « Un homme libre ». La symbolique est forte. Est-ce à dire qu’avant vous étiez enfermé ?

Sahraoui : Je ne dirais pas ça. Simplement maintenant je suis libre de composer et d’écrire ce que je veux. Vous savez, il est très difficile de travailler à deux. Vous êtes obligé de faire des compromis et de laisser de côté des choses qui vous tiennent à coeur. Aujourd’hui, je peux développer mes compositions comme je l’entend. Il y a, par exemple, des morceaux aux accents salsa dans l’album. Je n’aurais jamais pu faire un tel mélange avant car Fadela voulait garder une musique plus traditionnelle.

Afrik : Pourquoi avoir attendu quatre ans, après votre séparation d’avec Fadela pour sortir un nouvel album ?

Sahraoui : Je voulais prendre un peu de recul, me faire oublier. Alors je suis rentré en studio pour composer et écrire. Deux ans. Avec Maghni, mon arrangeur depuis dix ans, nous avons fait une vingtaine de chansons. Une bonne chose car cela nous a permis ensuite de choisir les meilleurs morceaux pour l’album.

Afrik : Quelles sont vos ambitions aujourd’hui ?

Sahraoui : C’est une nouvelle carrière qui commence pour moi. Pour le moment, l’objectif est de me replacer parmi les grands solistes du raï.

Afrik : Vous habitez en France depuis plus de sept ans. Quels rapports gardez-vous avec l’Algérie ?

Sahraoui : (son regard s’assombrit) Oui, j’ai quitté l’Algérie en 1994. Juste après l’assassinat, le 29 septembre, de Hasni. Mais je retourne régulièrement à Oran, ma ville natale, là où j’ai commencé, la capitale du raï. Je n’ai jamais coupé les liens. La France, c’est mon deuxième pays. Grâce à la communauté maghrébine, on ne se sent pas vraiment étranger en France. Mais mon premier pays reste l’Algérie.

Afrik : Dans votre album, vous chantez des morceaux en français et vous faites des incursions du côté de la salsa. Que reste-t-il du raï ?

Sahraoui : Le chant est et reste raï, quelque soit la langue. Certains pensent que le français est un argument commercial pour percer en France, ce n’est pas le cas. Si les gens t’acceptent, ils t’acceptent pour ce que tu es. Je ne veux pas concurrencer Goldman, je fais uniquement ma musique, sans chercher à séduire qui que ce soit. Ma ligne de conduite, avec Maghni, reste raï. Même si on introduit d’autres influences comme la salsa. C’est d’ailleurs un mélange que je voulais essayer depuis longtemps.

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