Le gouvernement sénégalais a alloué un montant de 700 millions de FCFA pour instituer la prise en charge gratuite des personnes du troisième âge. L’institut de Prévoyance Retraite au Sénégal a, pour sa part, donné 300 millions, ce qui porte à 1 milliard le fonds global du plan Sésame. Une initiative solidaire qui concerne 650 000 seniors dans le pays.
Par Mame Diara Diop
Le Sénégal offre la gratuité des soins à ses seniors. L’accord a été signé mercredi au siège du ministère de la Santé et de la Prévention médicale en présence du Directeur général de l’Institut de Prévoyance Retraite du Sénégal (Ipres), Ibrahima Sall. « Il s’agit d’assurer un cachet de justice, d’équité et de solidarité », a ainsi affirmé ce dernier. Quant au ministre de la Santé, il estime que l’initiative est résolument « un acte de solidarité générationnelle et d’équité entre tous les citoyens, dans la mesure où cela concerne les travailleurs retraités et les personnes âgées du pays, qui ne bénéficient pas de ce régime ». Une enveloppe globale d’un milliard de FCFA (1,5 million d’euros), dont 700 millions proviennent de l’Etat et 300 millions de l’Ipres. Une initiative qui concerne 8% de la population.
Un plan qui n’oublie personne
« Un acte important vient d’être posé, au bénéfice des personnes qui ont rendu de nombreux services au pays », explique Mamadou Coumé, médecin en chef du centre médicosocial des retraités, qui a travaillé sur le projet, en étroite collaboration avec Abdoulaye Guèye, directeur des Etablissements de Santé du Sénégal. « Il existe deux types de retraite au Sénégal. Les anciens fonctionnaires dépendent du fonds national de retraite. Les anciens travailleurs hors secteur public relèvent de l’Ipres, soit quelque 100 000 personnes. Mais le plus grand nombre de seniors, 450 000 personnes soit 70% du total, ne bénéficie d’aucune couverture sociale. Ce sont des personnes qui sont issues de l’informel ou du milieu rural. Il faut rappeler que le taux de couverture sociale n’est que de 15% au Sénégal », explique le Dr Mamadou Coumél. Le plan Sésame entend assurer à tous une couverture médicale gratuite.
Les 300 millions de l’Ipres serviront à assurer une complète gratuité des soins aux personnes affiliées. « Jusqu’à présent, il y avait un déficit de prise en charge dans les hôpitaux, car les tarifs des hôpitaux étaient trois fois plus élevés que ce nos allocations journalières en cas d’hospitalisation. Nous avons signé un accord avec l’Etat afin de négocier des tarifs préférentiels avec les différentes structures hospitalières. », explique le Dr Coumé. Les seniors du fonds national de retraite, bénéficiant toujours de leur statut de fonctionnaire, avaient jusque-là 1/5e du prix des prestations à leur charge. Une part désormais réglée par le plan Sésame. Les 700 millions restants sont destinés à assurer la gratuité des soins pour toutes les personnes âgées qui n’avaient aucune couverture maladie. « Nous voulions une redistribution plus juste des soins, en faveur des couches les plus vulnérables de la société », a déclaré Farba Lamine Sall, du ministère de la Santé, contacté par Afrik.
Une demande des Associations de retraités
Au-delà de l’option gouvernementale, le plan Sésame répond à une demande sociale. Celle de plusieurs associations de retraités, comme la Farpas (Fédération des associations de retraités et de personnes âgées), l’Association nationale des retraités civils et militaires, l’Union nationale des retraités du Sénégal ou encore le Corps des volontaires du troisième âge. Toutes peuvent aujourd’hui se réjouir de la nouvelle donne. Ce sont, notamment, aujourd’hui les différentes antennes d’action sanitaire et sociale réparties dans plusieurs régions du Sénégal qui accueilleront les malades en demande de soins. Par ailleurs, le premier centre hospitalo-universitaire de gériatrie est en construction et devrait être opérationnel d’ici deux mois. Les autorités sénégalaises semblent avoir pris le problème à bras le corps. En assurant la gratuité des soins, elles affichent un geste fort en faveur des aînés. Un geste empreint d’un profond respect, de reconnaissance et de solidarité sociale.