
Selon la presse locales, les services diplomatiques espagnols suivent avec une attention croissante l’état de santé du roi du Maroc Mohammed VI, dont les récentes apparitions publiques témoignent d’un affaiblissement marqué. À Madrid, on redoute l’impact d’une transition précipitée vers son fils, le prince héritier Moulay El Hassan, âgé de 21 ans, dans un contexte géopolitique tendu. Cette situation préoccupe d’autant plus l’Espagne que le Maroc est devenu, depuis 2022, un partenaire stratégique essentiel mais fluctuant sur des enjeux cruciaux comme l’immigration et la sécurité régionale.
Dans les couloirs feutrés de la Moncloa, siège du gouvernement espagnol, l’inquiétude grandit. À quelques kilomètres au sud, de l’autre côté du détroit de Gibraltar, la santé du roi Mohammed VI du Maroc suscite des préoccupations croissantes. Les images récentes du souverain, lors de l’accueil d’un médaillé olympique marocain ou de la visite du président français Emmanuel Macron à Rabat, ont frappé les observateurs : maigreur prononcée, pâleur inquiétante, regard éteint, parole hésitante. Le monarque de 61 ans, figure centrale de la stabilité régionale, peine désormais à rester debout plus de quelques minutes rapporte le quotidien espagnole La Vanguardia.
Le parcours médical du roi, jalonné d’interventions chirurgicales depuis 2018, notamment pour une arythmie cardiaque et plus récemment pour une fracture de l’humérus en 2024, alimente les inquiétudes. Selon La Vanguardia, les services diplomatiques espagnols ont documenté « au moins trois interventions chirurgicales » ces dernières années, un sujet qui n’est plus tabou dans la société marocaine.
L’ombre d’une succession accélérée
Dans ce contexte, tous les regards se tournent vers le prince héritier Moulay El Hassan. À 21 ans depuis mai 2024, le jeune homme est désormais en âge de régner sans Conseil de régence. Ses apparitions publiques se multiplient, témoignant d’une préparation accélérée à ses futures responsabilités. Mais cette transition potentielle soulève des questions : le prince est-il prêt à assumer le poids d’une monarchie aux équilibres complexes ?
Des sources citées par la presse évoquent même des tensions au sein de la famille royale, notamment avec le prince Moulay Rachid, oncle du prince héritier. L’ex-épouse du roi, Lalla Salma, dont la visibilité accrue intrigue les observateurs, pourrait également jouer un rôle dans cette période charnière. La Princesse bénéficie, en effet, toujours d’une très bonne image dans la société marocaine.
Un enjeu stratégique pour Madrid
Pour l’Espagne, l’équation est délicate. Depuis le printemps 2022 et le rapprochement historique marqué une évolution de la position espagnole concernant la position marocaine sur le Sahara occidental, Rabat est devenu un partenaire « prioritaire » et » relativement fiable », notamment dans la lutte contre l’immigration clandestine et le terrorisme. Même si Rabat joue régulièrement sur sa maitrise des frontières pour maintenir la pression sur Madrid.
« La plus grande crainte« , confient des sources proches du gouvernement espagnol à La Vanguardia, « est qu’une succession précipitée puisse coïncider avec la nouvelle vague de trumpisme qui balaie la planète ». Un scénario qui rappelle les turbulences de 2020, lorsque la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental avait bouleversé les équilibres régionaux.
Un défi régional aux multiples acteurs
Le jeu diplomatique se complexifie avec l’implication croissante d’acteurs internationaux. Si le Département de la Sécurité Nationale espagnol n’a pas confirmée de pressions marocaines concernant Ceuta et Melilla, la vigilance reste de mise. Madrid doit naviguer entre le maintien de relations privilégiées avec Rabat et le respect des résolutions internationales, car le Sahara occidental reste un territoire colonisée pour l’ONU, une position confirmée encore récemment par l’Union Européenne.
L’avenir de cette relation bilatérale cruciale dépendra largement de la gestion de cette transition potentielle au sommet de l’État marocain. Pour l’Espagne comme pour l’ensemble de la région, l’enjeu est de taille : garantir la stabilité du Maroc dans un paysage politique en mutation.