Sanglantes violences religieuses au Nigeria


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Le bilan est lourd : près de trois cents personnes ont été tuées dans des affrontements entre chrétiens et musulmans qui se déroulent depuis ce week-end, à Jos et dans sa périphérie, au centre du Nigeria. Les combats ne sont pas prêts de s’arrêter. Mercredi encore, les violences meurtrières perduraient malgré le renforcement des militaires dans cette zone.

C’est un véritable carnage. Depuis le week-end dernier, des heurts entre chrétiens et musulmans ont causé la mort de près de trois cents personnes à Jos, une localité située au centre du Nigeria. Des affrontements qui semblaient perdurer, mercredi, comme en témoigne un habitant du centre ville de la capitale de l’Etat du Plateau. « Les attaques se poursuivent dans les quartiers sud de la ville à Kuru Karama, Bisiji, Sabongidan et Kanar », a expliqué Idris Sarki à l’AFP. « Le quartier d’où je viens a été saccagé. Tous les habitants qui ont eu la chance de pouvoir le faire sont partis, mais beaucoup ont été tués », a-t-il ajouté. Pour éviter que la situation ne dégénère davantage, la présence de militaires dans cette zone a été renforcée. « C’est calme depuis la nuit dernière, de mon balcon je peux voir davantage de soldats patrouiller qu’hier, il y a eu des renforts », a expliqué à l’AFP Bashiru Mohammed.

Ces attaques entre chrétiens et musulmans ont commencé à faire rage après la construction d’une mosquée dans Nassarawa Gwon, un quartier de Jos, ville frontière entre le nord musulman et le sud chrétien et animiste. Selon un dernier bilan établi mardi par différentes sources, ces affrontements aurait fait 288 morts et au moins 800 blessés, dont 90 graves, d’après l’imam de la mosquée centrale, Balarabe Dawud. Pour l’instant, aucune confirmation officielle n’a été faite de ces bilans.

Abuja sur le qui-vive

Les morts s’accumulent malgré la mise en place d’un couvre-feu nuit et jour décrété par le gouvernement du Plateau déstabilisé par ces nouvelles violences intercommunautaires. « C’est une crise de trop et le gouvernement fédéral estime qu’elle est totalement inacceptable, réactionnaire et susceptible de menacer davantage l’unité de notre pays », a déclaré le vice-président fédéral, Goodluck Jonathan, dans un communiqué mardi soir.

Abuja « est déterminé à trouver une solution permanente à la crise » à Jos, a souligné M. Jonathan, qui remplace le président Umaru Yar’adua soigné en Arabie saoudite depuis fin novembre. Des soldats ont d’ailleurs été dépêchés à Jos, « en concertation avec la police » et les chefs de la sécurité.

La crainte de débordements

Une mesure qui inquiète l’organisation de défense des droits de l’Homme Human rights watch (HRW). L’ONG qui craint des débordements, a exhorté mercredi les forces nigérianes à faire preuve de modération et a dénoncé « l’impunité qui encourage ce cycle de violences ».

HRW estime que plus de 13.500 personnes ont été tuées dans des violences entre communautés depuis la fin du régime militaire en 1999 au Nigeria. Ce pays est régulièrement secoué par des vagues de violences entre chrétiens et musulmans. En novembre 2008 déjà, des centaines de personnes avaient péri en deux jours dans des affrontements similaires dans cette ville. La secte islamiste Boko Haram avait mené en juillet dernier un soulèvement dans l’Etat de Borno et fait au moins 800 tués.

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