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Les États-Unis ont annoncé, jeudi, des sanctions financières contre James Kabarebe, ministre rwandais actuel pour l’Intégration régionale et ancien ministre de la Défense. Ce dernier est accusé d’avoir joué un rôle central dans le soutien apporté par les forces rwandaises au groupe armé M23 dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC).
Rôle important dans les conflits en RDC
James Kabarebe, un ministre de Paul Kagame est dans le collimateur des Etats-Unis. Washington a décidé de lui infliger des sanctions pour son implication dans la guerre à l’Est de la RDC. L’homme a également occupé des fonctions importantes, notamment en tant que conseiller à la sécurité du Président rwandais Paul Kagame. Il est décrit par le ministère américain des Finances comme une « personnalité politique et militaire clé » dans les conflits qui ont secoué la RDC au cours des trois dernières décennies.
Dans un communiqué, les autorités américaines indiquent que Kabarebe est directement impliqué dans la gestion du soutien militaire rwandais apporté au M23. Washington affirme que Kabarebe a joué un rôle important dans la coordination des actions de l’armée rwandaise (RDF) en faveur du M23, et appelle les dirigeants rwandais à mettre fin à ce soutien militaire. Les États-Unis insistent également sur l’importance de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC, non sans souligner que les actes de soutien au groupe rebelle violent ces principes fondamentaux.
Réaction du gouvernement rwandais
Cette annonce de sanctions a immédiatement suscité une réaction de la part du gouvernement rwandais. Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement, a qualifié ces sanctions de « injustifiées et infondées ». Selon elle, la communauté internationale devrait soutenir plutôt que saper les efforts en cours pour trouver une solution politique au conflit dans la région. Le Rwanda a souvent réfuté les accusations de soutien militaire direct au M23, bien que de nombreuses sources internationales et congolaises aient pointé du doigt l’implication de Kigali dans les activités de ce groupe armé.
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Les sanctions américaines contre Kabarebe ne s’arrêtent pas à la seule personne du ministre. Elles incluent également des mesures à l’encontre de Lawrence Kanyuka, porte-parole politique du M23. Ce dernier, qui possède des entreprises enregistrées au Royaume-Uni et en France, fait l’objet d’un gel des avoirs, ce qui empêche toute transaction financière avec des entités américaines. Les sanctions visent ainsi à isoler davantage ces acteurs, en particulier ceux ayant des liens avec des sociétés étrangères.
Affaiblir les réseaux qui soutiennent le groupe M23
L’une des conséquences directes de ces sanctions est le gel des avoirs détenus par Kabarebe et Kanyuka aux États-Unis. De plus, les entreprises américaines et les citoyens américains sont désormais interdits de commercer avec ces cibles sous peine de sanctions. Cela fait partie de l’effort américain pour couper les sources de financement et affaiblir les réseaux qui soutiennent le groupe M23 et ses alliés. Washington espère ainsi exercer une pression maximale sur les responsables du conflit, notamment les dirigeants rwandais et leurs alliés au sein des groupes armés opérant en RDC.
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Ces sanctions arrivent à un moment critique du conflit dans l’Est de la RDC, où le M23 a réalisé plusieurs avancées militaires. En janvier, les rebelles ont pris le contrôle de la ville de Goma, capitale du Nord-Kivu, avant de se diriger vers Bukavu, dans le Sud-Kivu, qui est tombée dimanche dernier. Ces prises de territoire par le M23 ont ravivé les tensions entre la RDC et le Rwanda, qui s’accusent mutuellement de soutenir des groupes armés opposés à l’autre. Le gouvernement congolais a régulièrement dénoncé l’ingérence rwandaise, tandis que Kigali se défend en affirmant qu’il soutient les rebelles pour protéger sa sécurité nationale face aux menaces des FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda), un groupe hutu.