Alors que l’Algérie expulse les migrants par vagues vers des pays voisins, le Maroc, lui, n’hésite pas à ouvrir le feu sur les candidats à l’émigration clandestine. Le dernier incident en date a eu lieu cette nuit, sur la côte Atlantique, au sud du détroit de Gibraltar. Bilan : un blessé et des arrestations.
Sale temps pour les migrants en Afrique du Nord, notamment au Maroc et en Algérie. Lors d’une opération d’interception au large de Larache, la Marine royale du Maroc a ouvert le feu sur une embarcation transportant des migrants marocains. Un des migrants a été blessé à l’épaule lors de cette opération menée dans la nuit de mardi à mercredi 10 octobre 2018. Pour justifier son action, l’armée a expliqué que « l’embarcation à moteur qui transportait 58 migrants dissimulés sous une bâche a effectué une manœuvre hostile ce qui a poussé le bateau garde-côte à tirer sur ordre de son commandant ».
Le migrant blessé a été transféré à l’hôpital de Tanger, alors que les autres candidats à l’émigration, notamment des femmes et des hommes de tous âges, ont été remis à la gendarmerie. Cet incident intervient quelques jours après un drame similaire. En effet, le 25 septembre dernier, une opération de la Marine royale, en Méditerranée, contre une embarcation rapide « Go-Fast » avait coûté la vie à une jeune étudiante marocaine de 22 ans. Trois autres Marocains ont été blessés au cours de cette même opération. Soulignant que les migrants étaient dissimulés sous des bâches, les autorités marocaines avaient justifié les tirs du fait des « manœuvres hostiles » de l’embarcation.
Par ailleurs, ce nouveau incident intervient au lendemain d’un rapport de l’ONU reprochant à l’Algérie d’expulser en masse des migrants africains vers des pays voisins, notamment le Niger. Suite à une mission au Niger du 1er au 8 octobre 2018, Felipe Gonzalez Morales, Rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’Homme des migrants, a appelé « le gouvernement algérien à cesser immédiatement les expulsions collectives de migrants africains vers le Niger ».
Dénonçant le fait que « les migrants sont raflés à leurs domiciles en pleine nuit, sans même avoir le temps de s’habiller, de prendre leurs affaires et leurs économies », Felipe Gonzalez Morales s’est dit indigné du fait que parmi les Ouest-Africains expulsés, « de nombreux migrants vivaient et travaillaient depuis plusieurs années en Algérie, où leurs enfants étaient nés et scolarisés ».