Pour Saïd Sadi , des réseaux de casseurs ont infiltré les rangs des manifestants lors des dernières émeutes. « Les grandes manœuvres commencent », déclare le président du RCD, Saïd Sadi, à l’ouverture, hier à Alger, des travaux du conseil national du parti
Selon lui, les signes de ces manœuvres sont perceptibles bien avant les dernières émeutes ayant secoué plusieurs wilayas du pays. Il cite dans ce sens des cas d’infiltration des manifestants à Alger pour discréditer la protestation, signalés dans des quartiers à Alger. «On a souvent entendu parler de la manipulation des émeutes. Les réseaux dormants du DRS et certaines officines ont été restructurés. On leur a délivré des cartes numérisées avec photo barrées de deux traits rouge et vert et portant la mention demandant aux autorités civiles et militaires de faciliter la tâche aux porteurs de cette carte. Nous avons des informations précises confirmant cela», affirme-t-il. Pour le leader du RCD, ce sont ces réseaux de casseurs qui ont infiltré les manifestants lors des dernières émeutes.
Poursuivant, Saïd Sadi analyse ce qui se passe en Tunisie, tout en faisant le lien avec l’Algérie. «Le régime policier tunisien a réussi une vraie avancée économique et lorsque la situation économique du pays se porte bien, les couches moyennes s’élargissent et les revendications politiques suivent. En Algérie ce n’est pas le cas. Les couches moyennes se rétrécissent», souligne-t-il. Mais le premier responsable du RCD se montre confiant. Selon lui, le changement aura bel et bien lieu en Algérie. «Il (le changement) sera plus troublant et je n’espère pas qu’il soit sanglant. Car il y a des incohérences du système totalitaire. Le fait de nier les raisons politiques d’une manifestation prouve que le pouvoir agit dans la précipitation et l’affolement», explique-t-il.
Dans la foulée, Saïd Sadi rejette d’un revers de la main l’idée lancée par le pouvoir qui consiste à dire que l’opposition est inexistante. Il soutient le contraire. «Le projet alternatif pour l’Algérie existe. Tous les sujets qui font actuellement partie du débat public, c’est nous qui les avons initiés. Malheureusement, le pouvoir reprend nos idées avant de les pervertir», lance-t-il, en citant le code de la famille, la réforme de la justice… et la régionalisation.
La jeunesse s’est déconnectée de l’islamisme
Le président du RCD réitère, dans ce sens, sa démarche visant à contacter «toutes les forces politiques qui veulent vivre dans un Etat de droit afin d’arriver à un consensus sur une plate-forme de revendications acceptables». Poursuivant son analyse de la situation du pays, Saïd Sadi affirme que la jeunesse s’est déconnectée de l’islamisme. Pour lui, l’image que renvoient les dirigeants algériens chez la jeunesse est celle de la «harga» et «du vol ».
Ce faisant, il tire une conclusion : «On est dans la fin du système. La crise algérienne est d’abord sociologique et il y a un divorce objectif entre le régime et la société.» S’exprimant sur les rapports entre l’Occident et les pays du Sud, il relève également un changement, en particulier depuis le discours d’Obama à Accra (Ghana). «Certains pays du Nord ont commencé à se montrer un peu plus critiques envers les pays du Sud. La relation bâtie sur les marchés est dépassée. Le système FLN qui avait assuré la sécurité dans la région n’est plus crédible. Beaucoup de pays ont compris que ce qui se passe au Sahel est dû à la fragilité du pouvoir algérien qui a pollué la région», estime encore Saïd Sadi.
Par Madjid Makedhi pour notre partenaire El Watan