A peine nommé, Saïd Aouita, le nouvel entraîneur de l’Institut australien des sports suscite la controverse. Il est accusé par ses anciens collègues de la Fédération marocaine d’athlétisme d’avoir un peu trop embelli son curriculum vitae.
Le succès n’engendre pas que des amis. Saïd Aouita, l’ex demi-Dieu des 1 500 et 5 000 mètres des années 80, vient de l’apprendre à ses dépens. Désigné par l’Institut australien des sports (AIS) pour entraîner les coureurs de fond et de demi-fond australiens pour les quatre prochaines saisons, le champion marocain aux cinq records du monde pourrait voir son contrat écourté. Ses amis d’autrefois et collègues de la Fédération marocaine d’athlétisme (FMA) l’accusent d’avoir menti sur son curriculum vitae pour se faire embaucher par l’AIS.
Le CV transmis à l’AIS par Saïd Aouita mentionne qu’il a été le coach de trois champions olympiques. Ses compatriotes Brahim Boutayed (10 000 mètres aux Jeux Olympiques de Séoul), Khalid Skah (10 000 mètres aux JO de Barcelone) et le Burundais Venuste Nyongabo (5 000 mètres aux JO d’Atlanta). L’ex-champion déclare aussi avoir entraîné Salah Hissou, l’ancien détenteur du record du monde de 10 000 mètres ainsi que Hicham El Guerrouj, le triple champion du monde et recordman mondial du 1 500 mètres.
Nul n’est prophète en son pays
Pure invention, font remarquer à la presse Aziz Daouda et Abdelkader Kada, respectivement directeur technique national à la FMA et entraîneur de Hicham El Guerrouj, Saïd Aouita n’a jamais entraîné le champion marocain. Il n’en fallait pas plus à la presse australienne, très regardante sur la probité morale des dirigeants sportifs nationaux, pour demander la remise en question du choix de l’AIS. En 1997, le même AIS avait été épinglé par les médias australiens pour avoir embauché l’Allemand Ekkart Arbeit. Lequel était impliqué dans une obscure histoire de dopage dans son pays.
Pris au dépourvu par cette nouvelle affaire, le responsable de l’athlétisme australien, Keith Connor, a opté pour la prudence. Sans remettre officiellement en question les qualités de son nouvel entraîneur, il a promis d’ouvrir une enquête, tout en précisant qu’il y avait beaucoup de politique dans les affaires marocaines. Appelé à prendre en main les coureurs australiens juste après la fin des Jeux de Commonwealth de Manchester (du 25 juillet au 04 août 2002), Saïd Aouita devra ronger son frein en attendant l’aboutissement de l’enquête. Mais, quelle que soit l’issue de cette affaire, c’est l’image de l’athlétisme marocain qui est écornée.