Le Maroc et le Front Polisario se sont retrouvés vendredi à Manhasset, dans la banlieue de New York, pour un deuxième round de négociations directes sur le statut du Sahara occidental. Leur objectif : trouver une solution politique et mutuellement acceptable au plus vieux conflit inter-Etats du continent.
Correspondant à Rabat, Maroc
Initiés le 18 juin dernier sur recommandation du Conseil de sécurité de l’ONU, les pourparlers sont supervisés par l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental, Peter Van Walsum. Ni Rabat ni le front Polisario (Front populaire de libération de la Saguia el Hamra et du Rio de Oro), lors de leur première rencontre, n’ont fait de concessions.
La délégation marocaine a entamé cette deuxième phase en déclinant de nouveau son initiative d’autonomie pour la région du Sahara Occidental, qui selon Rabat, n’est nullement « figée ». saluée comme étant « sérieuse » et « crédible » par plusieurs capitales dans le monde, elle prévoit notamment de conférer aux Sahraouis « le contrôle sur leurs affaires grâce à des institutions législatives, exécutives et judiciaires », sous souveraineté du royaume alaouite.
« L’initiative du Maroc pourrait fournir un cadre réaliste pour commencer les négociations sur un plan qui prévoirait une véritable autonomie, à condition qu’elle soit acceptée par les populations locales », avait déclaré Jackie Wolcott Sanders, ambassadrice-adjointe américaine auprès de l’ONU, au sortir des consultations du Conseil de sécurité, lors du premier round de Manhasset.
Le choc du discours du Trône
Pour Rabat, il n’est pas question d’aller au-delà des propositions contenues dans son initiative pour une autonomie au Sahara Occidental. Et c’est sur cette base que le Maroc participe à la deuxième phase des négociations. Comme le front Polisario, le Maroc déclare qu’il entamera ce nouveau round avec « bonne volonté » et « bonne foi ». Sauf qu’entre les déclarations de principe et la réalité, il y a un gouffre.
Dans son dernier discours du Trône, Mohammed VI a réaffirmé l’attachement de son pays à « ses provinces sahariennes », précisant que l’offre d’autonomie ne saurait être octroyée que dans le strict respect de l’intégrité territoriale du Maroc. « L’autonomie ne peut s’appliquer que dans le strict respect de la souveraineté du Royaume (Maroc) sur ses provinces sahariennes » et « l’intégrité territoriale du Royaume est indivisible ».
Le message livré par le souverain alaouite, à une dizaine de jours du début du deuxième round, est on ne peut plus clair. « L’octroi de l’autonomie ne se fera que dans le cadre de la souveraineté du Maroc sur son Sahara », a-t-il martelé, en saluant « la position du Conseil de sécurité » et la résolution 1754 ayant clairement fait les éloges de l’Initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie au Sahara et précisant que « la main du royaume reste tendue » à la partie adverse.
L’autonomie ? « une option, comme celle de l’indépendance »
Le Polisario a rejeté cette proposition et réitéré « le droit de la population (locale) à l’autodétermination ». Il s’est seulement dit prêt à tester la proposition marocaine dans le cadre d’un référendum organisé par l’ONU. Mohamed Abdelaziz, après le discours du Trône, a jugé « figée et intransigeante » la position du Maroc, estimant que « l’autonomie ne peut être au plus qu’une option comme celle de l’indépendance, lesquelles doivent être soumises au choix démocratique et souverain du peuple sahraoui ».
Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est sous contrôle de Rabat depuis 1975. Le Front Polisario réclame l’indépendance du territoire depuis sa formation en 1973. Un cessez-le-feu, négocié sous les auspices de l’ONU, est observé entre le Maroc et le Polisario depuis 1991.
Droits photo : Afrik. A la frontière du Maroc et du territoire non-autonome du Sahara occidental