La neuvième réunion informelle sur le Sahara occidental, organisée sous l’égide des Nations unies, entre le Front Polisario et le Maroc s’est achevée ce mardi, à Manhasset, une banlieue de New York. Une fois de plus, aucun accord n’a été trouvé entre les deux protagonistes empêchant ainsi l’ouverture officielle des négociations.
Christopher Ross, l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, a indiqué, ce mardi, au terme de la neuvième réunion informelle entre le Front Polisario et le Maroc, que les pourparlers n’ont une fois de plus pas abouti. Des délégations de l’Algérie, soutenant le Front Polisario dans sa revendication d’indépendance, et de la Mauritanie, étaient présentes lors de ces négociations.
Un dialogue de sourds
Christopher Ross déclare dans un communiqué, « chaque partie a continué à rejeter la proposition de l’autre comme base unique des négociations à venir, tout en réitérant leur volonté de travailler ensemble afin de trouver une solution ». Le dialogue de sourds continue, aucun des belligérants ne veut ainsi céder sur ses revendications. Le Front Polisario, qui réclame un référendum sur l’autodétermination du pays, se heurte depuis des dizaines d’années à un refus catégorique de la part du Maroc. Cette opposition s’explique par la crainte de celui-ci que le résultat d’un tel référendum lui soit défavorable, mais aussi que des régions reculées du Maroc, où il existe une tradition de résistance au gouvernement central, réclament le même traitement.
Les discussions se sont déroulées dans « une atmosphère d’engagements sérieux, de franchise et de respect mutuel », a déclaré l’émissaire des Nations unies, rapporte Aufaitmaroc. Ce-dernier se rendra d’ailleurs dans la région à la mi-mai. Les parties se sont réjouies des progrès enregistrés sur le déminage, les ressources naturelles et l’environnement, et « ont confirmé leur intérêt de continuer à travailler avec l’ONU sur ces questions et d’autres dans le cadre des négociations en cours », a indiqué M. Ross. Les deux prochaines réunions de discussions informelles se dérouleront en Europe en juin et juillet 2012.
« Une solution qui pourvoit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental » ?
Le Maroc et le Front Polisario ont tenté de « trouver une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d’arrangements conformes aux buts et principes de la Charte de l’ONU », explique Christopher Ross.
Le chef de la délégation sahraouie, Khatri Addouh, a estimé, quant à lui, qu’il est « inacceptable que le Maroc continue, par ses atermoiements et manœuvres, à tourner le dos à l’avènement d’une paix juste et durable », demandant au Conseil de sécurité des Nations unies de prendre ses responsabilités, selon El Watan.
Khatri Addouh, également le président du Parlement de la République arabe sahraouie démocratique, l’État proclamé par le Front Polisario qui revendique la souveraineté du Sahara occidental, a précisé que « la consultation du peuple sahraoui sur son devenir est un passage obligé pour toute solution juste, crédible et durable du conflit ». Cela témoigne, d’après lui, de « l’attachement de la communauté internationale à une solution du conflit garantissant le droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ».
Le Front Polisario isolé diplomatiquement
La position des Nations unies semble donc ambigüe alors que la communauté internationale, en particulier la France et les États-Unis, soutiennent invariablement le Maroc qui propose non pas un référendum sur l’indépendance mais un plan d’autonomie. Le soutien sans faille que la France a toujours accordé au Maroc et à son roi se confirme après les récentes déclarations du ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé. Quelques jours avant la tenue de la neuvième réunion officielle, le ministre d’État français a déclaré que « le plan d’autonomie marocain constitue la seule proposition réaliste pour une solution au conflit du Sahara dans le cadre des Nations unies », rapporte Le Matin.
Une déclaration qui intervient peu de temps après l’allocution de la Secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, dimanche 26 février. Lors de sa visite à Rabat, au Maroc, elle a de nouveau expliqué la position des États-Unis à ce propos. « La politique américaine concernant cette question est demeurée inchangée depuis des années et nous avons affirmé en de nombreuses occasions que la proposition marocaine est sérieuse et réaliste et répond aux aspirations du peuple sahraoui à vivre en paix », a-t-elle réitéré.