En tournée au Maghreb, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, n’a pu que vérifier, mardi, à quel point les positions étaient «éloignées» entre Maroc et le Polisario. La visite de Christopher Ross dans la région est intervenue dans un climat de tension. Le Maroc accusant l’Algérie de saborder la construction de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) et le Front Polisario suspectant un «complot» de la France contre le Shara occidental.
L’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, n’a pu que constater, mardi à Alger, «l’impasse» du processus de paix entre le Maroc et le Front Polisario. L’émissaire onusien s’est rendu la semaine dernière à Rabat, dans les camps des réfugiés sahraouis à Tindouf, à Nouakchott, puis à Alger pour tenter de faire avancer le dossier du Sahara occidental. Mais les positions du Maroc et du front Polisario restent «très éloignées» bien que les deux parties ont « confirmé leur volonté de poursuivre le processus de négociations», a reconnu Christopher Ross. Les quatre rounds de négociations directes, appelés processus de Manhasset et entamées il y a plus de deux ans et demi, ont été infructueux. La rencontre informelle, tenue en février dernier à New York pour préparer le 5e round de négociations officielles, s’est elle aussi soldée par un échec, le Front Polisario réitérant son attachement à l’autodétermination sahraouie et la Maroc persistant dans son plan d’autonomie élargie.
Lors de sa tournée dans la région, Christopher Ross a pu mesurer le faussé qui sépare les visions marocaine et sahraouie. A Rabat, le Roi du Maroc Mohammed VI a réitéré au facilitateur onusien que l’option du référendum au Sahara était «définitivement écartée». A Tindouf, le chef de l’Etat sahraoui en exil, Mohamed Abdelaziz, a insisté auprès de l’ambassadeur américain, dimanche, sur la «nécessité d’organiser un référendum avec plusieurs options, à leur tête l’indépendance nationale, la solution à laquelle nous demeurons attachés.»
Le Maroc écarte «définitivement» le référendum au Sahara
La visite de Christopher Ross dans la région est intervenue dans un climat de tension. Alors que l’envoyé personnel de Ban Ki-moon se trouvait au Royaume chérifien, Jeudi 18 mars, le ministre marocain de la Communication avait critiqué avec virulence l’Algérie, soutien traditionnelle la cause saharouie, au motif que le Maroc n’avait pas été convié à une réunion sur la sécurité au Sahel deux jours auparavant à Alger. Il a notamment imputé à l’Algérie la responsabilité du blocage de la construction de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), selon le Quotidien d’Oran. De son côté, le président sahraoui Mohamed Abdelaziz s’en est violemment pris, 24 heures après son entretien avec Chritopher Ross, à la France pour son soutien au plan d’autonomie marocain. «Le gouvernement français orchestre un grave complot de nature à entraîner un dérapage dangereux dans la région», a-t-il fustigé.
Le Conseil de sécurité, qui doit renouveler fin avril le mandat (pour six mois) de la Mission de l’ONU pour le Référendum au Sahara (Minurso), pourrait envisager d’élargir les prérogatives de celle-ci aux questions relatives aux droits de l’homme. La requête a été faite par le président sahraoui à l’émissaire des Nations unies lors de l’entretien qu’ils ont eu. Les 8 et 9 mars derniers, des manifestations organisées par des militants sahraouis à Dakhla et El Aaiun, sous administration marocaine, avaient été violemment réprimées.
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