Le Maroc est accusé par le Front Polisario de faire des manœuvres visant à pousser à la démission l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, Staffan de Mistura.
«Le Maroc multiplie les attaques contre l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, menaçant de couper les ponts avec lui». Ces propos sont d’Oubi Bouchraya Bachir, représentant du Front Polisario en Suisse et auprès des Nations Unies et des organisations internationales à Genève.
Horst Köhler démissionnaire pour des «raisons de santé»
Pour la presse algérienne, cette position marocaine intervient après que le roi du Maroc ait réalisé que l’émissaire de l’ONU refusait d’être influencé. Evoquant le déplacement de Staffan de Mistura en Afrique du Sud, le Sahraoui déclare : «la vérité est que cette visite n’est rien d’autre qu’une excuse inventée pour rompre avec l’Envoyé de l’ONU après avoir réalisé qu’il ne peut pas être dompté au goût du Maroc».
«Le régime marocain poursuit toujours l’obstruction arrogante en pensant que la mission de l’émissaire est de légitimer le fait accompli colonial», explique Oubi Bouchraya. Selon le diplomate, Rabat «vise à créer les conditions pour le pousser à la démission comme ce fut le cas pour son prédécesseur». Il s’agit de Horst Köhler, démissionnaire pour des «raisons de santé».
«L’inaction du Conseil de sécurité de l’ONU»
Pour le représentant du Front Polisario en Suisse, cette démission n’était qu’une «forte hypertension artérielle». Selon lui, c’était la suite du «mépris du Maroc» et de «l’inaction du Conseil de sécurité de l’ONU». Oubi Bouchraya enfonce que «la visite en Afrique du Sud n’est qu’un prétexte, et si elle n’avait pas eu lieu, le Maroc aurait inventé autre chose».
Sur la plateforme X, Oubi Bouchraya insiste : «Rabat serait arrivé à la conclusion qu’il fallait se débarrasser de l’homme après qu’il ait compris le conflit de l’intérieur, loin de la vision simpliste éblouie par les oripeaux de la propagande de l’occupation depuis l’extérieur». Et d’enfoncer : «le Maroc continuera sa campagne contre Staffan de Mistura pour le pousser à démissionner».
Démission pour des «raisons personnelles»
Oubi Bouchraya enfonce que Rabat allait ensuite justifier cette démission par «des raisons personnelles ou des raisons de santé». Et de mettre en garde : «mais, si cela arrive, personne ne pourra cacher la vraie raison, qui est la démission chronique du Conseil de sécurité de l’ONU de mener à bien son mandat historique de décolonisation du Sahara occidental».
Fin janvier, Staffan de Mistura a visité l’Afrique du Sud. Un déplacement qui a déclenché un agacement au royaume chérifien. L’Ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès des Nations Unies, Omar Hilale, a précisé que « le Maroc n’a, à aucun moment, été consulté, ni même informé», avant cette visite en terre sud-africaine.
Conséquences du voyage en Afrique du Sud
«Bien au contraire, dès que nous avons pris connaissance de ce projet de visite, il y a plusieurs semaines, nous avons directement exprimé à M. de Mistura, ainsi qu’au secrétariat de l’ONU, l’opposition catégorique du Maroc à un tel déplacement», a déclaré Hilale. Le diplomate marocain dit «espérer qu’il ne s’agit pas d’une défiance au Maroc de la part de M. de Mistura, mais d’une simple erreur d’appréciation sur la véritable posture de l’Afrique du Sud ».
«Le Maroc l’a clairement averti sur les conséquences de son voyage sur le processus politique», a poursuivi le diplomate. L’Ambassadeur appelle Staffan de Mistura à «consacrer ses efforts davantage à convaincre l’Algérie à reprendre sa place à la Table ronde… Le Maroc a rappelé à l’Envoyé personnel les fondamentaux de son mandat, qui sont sa lettre de nomination par le Secrétaire général de l’ONU».
