Malgré la pression des autorités marocaines et les relations diplomatiques très tendues entre Rabat et Madrid, l’Espagne n’est pas prête à changer sa position sur le dossier du Sahara Occidental. Contrairement à l’Algérie, l’Espagne ne soutient pas l’indépendance du Sahara Occidental, mais souhaite une décolonisation correcte encadrée par les Nations Unies. Cette position intermédiaire découle de l’histoire liant le royaume espagnol à ce territoire.
Puissance coloniale de la région de 1884 à 1975, l’Espagne n’a pas respecté les règles imposées par le droit international au moment de la décolonisation. Elle n’a pas procédé au référendum d’autodétermination du peuple sahraoui pour lequel elle était mandatée par l’ONU, laissant le Maroc et la Mauritanie annexer le territoire.
Aujourd’hui, la position intermédiaire de l’Espagne sur la question sahraouie empoisonne les relations avec son voisin marocain, surtout après avoir accueilli en catimini le chef du Front du Polisario sur son territoire sous une fausse identité et en complicité avec les autorités algériennes. Pour répondre à l’Espagne de manière forte, le royaume chérifien n’hésite pas à utiliser la pression migratoire, à Ceuta et Melilla, comme arme diplomatique.
Le Maroc considère l’Espagne comme pro-sahraoui. Le département de Nasser Bourita est décidé à mettre fin à 45 ans de tiraillement avec les séparatistes sahraoui, dont le chef Brahim Ghali séjourne actuellement en Espagne, pour des raisons de santé. Pour les autorités marocaines, la chose est très claire : reconnaître l’appartenance du Sahara Occidental au royaume et être perçu comme un allié, autrement vous êtes hostile. le Maroc ne pouvant admettre de position intermédiaire sur cette question.
Seulement, l’Espagne continue de défendre une résolution de la question sahraouie, selon les règles dictées par le droit international sous l’égide des Nations Unies. Cette posture lui interdit de reconnaître l’appartenance du Sahara au Maroc. Même lorsque les États-Unis ont reconnu la marocanité du Sahara Occidental en échange d’une normalisation des relations entre le Maroc et Israël, l’Espagne n’a pas suivi. Une position, somme toute, qui agace le Maroc.