Les autorités espagnoles viennent d’extrader un ancien militaire algérien ayant pris part aux mouvements du Hirak et qui avait fui l’Algérie. Une façon pour Madrid de contenir la colère d’Alger après l’affaire du Sahara ?
C’est ce jeudi 24 mars, dans la soirée, que l’ancien militaire algérien Mohamed Benhalima, a été extradé par les autorités espagnoles. L’homme avait fui l’Algérie après avoir pris part au mouvement de contestation populaire, le Hirak, ayant secoué ce pays d’Afrique du Nord au point d’expulser du pouvoir l’ancien Président Abdelaziz Bouteflika. L’avion, qui transportait l’ancien caporal âgé de 32 ans, a atterri à l’aéroport international d’Alger, hier soir.
Selon les informations diffusées par les médias algériens, l’homme, qui a été condamné, par contumace, à 10 ans de prison pour publications de fausses informations et contre qui un mandat d’arrêt international avait été lancé, est apparu menotté, en train de descendre d’un avion d’une compagnie aérienne espagnole. A sa descente d’avion, il a été cueilli par des éléments des forces de sécurité algérienne.
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Traqué de toute part par les autorités algériennes, Mohamed Benhalima, qui avait vu sa demande d’asile politique introduite en Espagne rejetée, avait pourtant quitté le royaume ibérique pour se rendre en France. Son audition par les autorités françaises, qui l’avaient pourtant relaxé après quelques questionnements, ne l’avait pour autant pas rassuré. Il décide alors de quitter la France et dépose son baluchon au Portugal.
Comment Mohamed Benhalima s’est-il à nouveau retrouvé en Espagne
Un mauvais choix, puisque Mohamed Benhalima sera arrêté par les autorités portugaises, qui n’ont pas trouvé mieux que de remettre le ressortissant algérien à leurs homologues espagnoles. Il y a une semaine, depuis un centre de rétention pour étrangers à Valence où il avait été placé, il a réussi à informer l’opinion sur sa situation. Les tractations de son avocat espagnol, Eduardo Gomez Cuadrado, n’auront servi à rien, puisqu’il a été extradé vers son pays.
Extradition qui intervient au plus haut de la tension entre Madrid et Alger, du fait notamment du changement de position de l’Espagne qui vient de reconnaître la marocanité du Sahara Occidental. Une décision qui a déclenché la colère des autorités algériennes, qui, en plus d’avoir rappelé l’ambassadeur accrédité à Madrid, sont soupçonnées de voir comment couper à l’Espagne le gaz qu’elles fournissent à ce pays européen.
De quoi se demander si le geste des autorités espagnoles ne va pas dans le sens de calmer la colère de leurs homologues algériennes. Surtout pour le cas de Mohamed Benhalima, accusé d’activités contraires à la sécurité nationale algérienne. Lesquelles activités « pourraient compromettre les relations de l’Espagne avec d’autres pays », dont l’Algérie.
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