Le ministre sahraoui délégué pour l’Europe, Mohamed Sidati, a indiqué que le Front Polisario n’a « pas été consulté », « ni eu connaissance » du contenu du projet d’accord paraphé le 31 janvier dernier par l’Union Européenne (UE) et par le Maroc.
Le Front Polisario n’a « pas été consulté », « ni eu connaissance » du contenu du projet d’accord paraphé le 31 janvier dernier par l’Union européenne (UE) et par le Maroc à l’issue des négociations sur la conclusion d’un accord additionnel à leur accord d’association après l’arrêt de la Cour européenne de justice (CJUE) de décembre 2016, C’est ce qu’a indiqué le ministre sahraoui délégué pour l’Europe, Mohamed Sidati, dans un communiqué repris par l’APS.
« En ce qui concerne l’amendement proposé à l’accord commercial UE-Maroc, nous n’avons pas été consultés. Nous n’avons pas eu, non plus, connaissance du contenu du projet d’accord », a indiqué le ministre sahraoui, assurant que le consentement du Front Polisario, représentant légitime du peuple sahraoui, « n’a pas été formellement sollicité » en ce qui concerne l’inclusion du Sahara occidental dans le cadre de ce projet d’accord, ce qui constitue « une violation flagrante de l’arrêt de décembre 2016 ».
L’arrêt rendu le 21 décembre 2016 par la CJUE stipule que les accords d’association et de libéralisation UE-Maroc ne s’appliquent pas au Sahara Occidental. La Cour avait précisé que si l’accord UE-Maroc devait s’appliquer au Sahara Occidental, il faudrait un consentement préalable du peuple sahraoui, c’est-à-dire du Front Polisario, reconnu par l’ONU comme le représentant du peuple du Sahara Occidental depuis 1979, relève APS.
« En abolissant les frontières internationales du Sahara Occidental et en tentant de légaliser le pillage des ressources naturelles sahraouies et leur commercialisation par le Maroc, le projet d’amendement viole au moins deux éléments fondamentaux du droit d’autodétermination du peuple sahraoui : sa souveraineté permanente sur ses ressources naturelles et l’intégrité territoriale du Sahara occidental ».
Soulignant que, les groupes consultés par la Commission européenne sont tous sous l’autorité du gouvernement marocain, Mohamed Sidati a rappelé que les organisations de la société civile sahraouie ont rejeté le processus de consultation mené dans le cadre des négociations UE-Maroc sur l’accord additionnel à l’accord d’association au motif que le processus manque de transparence et de crédibilité, relève le site. Mohamed Sidati est formel : « aucune consultation fiable ou crédible ne peut être menée auprès de la société civile sahraouie sans un changement d’approche de la part de la Commission européenne ».
Mohamed Sidati est d’avis que les tentatives visant à contourner l’arrêt de la CJUE et à saper le statut du Front Polisario sont une menace pour la paix au Sahara Occidental et dans toute la région du Maghreb. Il a par ailleurs suggéré à l’UE de saisir cette opportunité pour prendre des mesures concrètes en vue de soutenir efficacement les efforts de l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU au Sahara Occidental, Horst Köhler, afin de relancer le processus de paix. Le projet d’accord paraphé par l’UE et le Maroc « ne nuit pas seulement à la réputation de l’UE en tant que garant de l’Etat de droit, mais sape également les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la reprise des négociations directes entre le Front Polisario et le royaume du Maroc ».
Mieux, le ministre a appelé l’UE à envisager un régime de sanctions « si le Maroc refuse de s’engager de manière constructive dans le processus de paix ».