« L’Apprentissage » : S comme Siffler. Un livre délicieux sur Internet, sous forme d’abécédaire, pour dire en 100 mots comment la France adopte ses enfants de migrants. « Lettres persanes » d’aujourd’hui qui seraient écrites par une enfant de migrants, petit manifeste sur la double identité culturelle des Français d’origine étrangère, l’initiative de la journaliste/auteur Nadia Khouri-Dagher a séduit Afrik.com qui a décidé de vous offrir deux mots par semaine. A savourer, en attendant la parution du livre…
De A comme Accent à Z comme Zut, en passant par H comme Hammam ou N comme nostalgie, 100 mots pour un livre : ‘apprentissage ou « comment la France adopte ses enfants de migrants ». Une oeuvre que la journaliste/auteur Nadia Khouri-Dagher a choisi de publier d’abord sur Internet. Un abécédaire savoureux qu’Afrik a décidé de distiller en ligne, pour un grand rendez-vous hebdomadaire. Une autre manière d’appréhender la littérature… |
S
SIFFLER
A Paris en vélo, j’aime siffler les jours où il fait beau, où je suis en balade, en regardant les platanes verts des avenues et les fleurs qui décorent les balcons. Au Caire, à Tunis, ou à Beyrouth, ce serait totalement impensable qu’une femme siffle en se baladant en ville. Qu’un homme siffle en marchant ou en peignant une fenêtre, soit. Mais si une femme s’avisait de siffler en public là-bas, cela susciterait l’étonnement, et la désapprobation : manière trop explicite pour une femme d’exprimer son bonheur de vivre, d’exprimer sa liberté – de s’exprimer. Siffler, cela ne viendrait tout simplement pas à l’idée d’une femme. Quelle idée ! Siffler comme un garçon !
En cette journée ensoleillée de printemps, je viens de me balader en vélo toute la matinée, et me voici maintenant au restaurant, seule comme j’aime l’être parfois, dans un quartier que j’aime, à me détendre en regardant l’animation des passants, toute la vie de la ville. Seule au restaurant: plaisir que m’offre aussi Paris, et qu’une femme peut difficilement goûter dans une ville arabe.
L’Occident, pour une femme arabe, c’est la liberté. Mais pas forcément celle que les hommes arabes redoutent. La liberté de faire ce qui lui plaît.