À peine 29 ans, Ryadh, artiste français, né de parents algériens, qui vient de sortir son premier album, « Je Rêve », est impressionnant par sa maîtrise des mots, son art bien à lui de les manier pour exprimer ses souffrances, ses interrogations, son état des lieux d’une France qui va mal. Egalement multi-instrumentalistes, son style atypique entre hip-hop, musique classique, jazz, soul, détonne. Rencontre avec un jeune homme aux multiples facettes, découvert par la plateforme Kowok, révélatrice de talents méconnus.
Charmeur. Taquin. Ryadh n’hésite pas à parler directement au public pendant qu’il interprète ses chansons. Virtuose du piano, à la voix profonde, nous rappelant par moment Stevie Wonder, il ressemble à un ovni tout droit sorti de l’espace. Son premier album, « Je Rêve », révèle la maturité musicale du jeune homme de 29 ans, qui surfe entre hip-hop, soul, jazz et même musique classique. Autant dire qu’il est inclassable et qu’il « fait du Ryadh » tout simplement.
Véritable artisan des mots, qu’il manie avec finesse à sa guise, il raconte ouvertement ce qu’il ressent dans ses chansons. Il y parle aussi de la France, pays de son enfance, qui rejette une partie de ses enfants, issus de l’immigration notamment. Il déclare également son amour à Paris mais n’hésite pas à affirmer ses interrogations sur cette mégalopole où la solitude consume ses habitants. Sans oublier l’Algérie, son pays d’origine, auquel il rend hommage.
« Je ne suis pas Coluche ni Daniel Balavoine mais je raconte dans mes chansons ce qui ne me plaît pas dans ce monde »
L’aventure en musique a commencé dès l’âge de 11 ans pour lui. « Mes parents avaient un petit piano à la maison et je jouais dessus régulièrement, j’y ai, petit à petit, pris goût », explique-t-il. A 13 ans, il s’inscrit au conservatoire de Gennevilliers, où il obtient son diplôme. Il comprend alors que la musique c’est toute sa vie. Il apprend à jouer d’autres instruments tels que la guitare, la basse, la trompette, la batterie, les percussions, la oud… Il les maîtrise quasiment tous plus ou moins bien, aujourd’hui. A ses 17 ans, il sort même un premier album avec un ami en guise d’expérience. De fil en aiguille, il trouve son style, son identité musicale. Alors que d’autres chantent en anglais, lui décide d’écrire ses textes en français. « C’est très important pour moi de chanter en français et de travailler mes textes pour que les chansons aient du sens », explique-t-il.
Perfectionniste, exigeant, il a mis pas moins de six ans à travailler cet album. « Ça n’a pas été facile, surtout que je devais travailler l’album en plus de mon boulot à côté. Il fallait que je me réveille très tôt pour travailler mes textes avant d’enchaîner avec le travail. Autant certaines chansons ont été très simples à écrire, autant il a fallu des mois avant que d’autres ne prennent forme. Mais je suis comme ça. J’ai besoin que ma musique me ressemble. Je dois m’y retrouver », explique le jeune homme. Toutefois, il ne se considère pas comme un chanteur engagé même s’il aime beaucoup les militants. « Moi, je constate juste des choses dans ce monde et chante ce qui ne me plait pas. Mais la musique me permet de me sentir bien, elle me soigne. Je ne suis pas Daniel Balavoine ni Coluche mais je chante ce qui ne me plaît pas dans ce monde ».
« Avec l’expérience, j’ai compris que l’endroit où tu vis détermine ton avenir »
Pour autant, ses textes n’en restent pas moins mordants et incisifs ! Comme cette chanson en réponse aux propos de Nadine Morano, qui avait affirmé que « la France est un pays de race blanche ». Il évoque souvent, en effet, les malaises profonds de la France, toujours pas réconciliée avec une partie d’elle même. Il en sait quelque chose, lui qui a d’abord vécu dans les Yvelines, avant que ses parents ne décident de déménager au cœur de la banlieue de Garges, où les premières émeutes ont éclaté, puis de finalement s’installer à Gournay sur Marne. « Ma vie à Garges m’a laissé des traces. C’était dur de voir cette misère sociale d’une partie de la population. Cela m’a fait comprendre que l’endroit où tu vis détermine aussi ton avenir, surtout dans un pays comme la France », déplore-t-il. « Mes parents ont donc vite déménagé vers Chelles pour nous protéger. Mais là aussi, la vie n’était pas de tout repos. On était la seule famille arabe, à l’époque. Sur les murs, on pouvait voir écrit : Arabes et sida même combat. Ça a été très difficile », déplore-t-il. Ce sont toutes ces frustrations qu’il a ressenties, qu’il raconte dans « Sous France ». « C’est l’une des chansons que j’ai écrit en une journée, avec « Cercle vicieux », ou encore « Bled art » ».
Tant de chansons qui révèlent bien l’univers du jeune artiste.Une chose est sûre. On entendra parler de lui car il n’a pas fini de nous surprendre…
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