Eugène Rwamucyo, ancien médecin rwandais, est jugé à partir du 1er octobre devant la cour d’assises de Paris pour génocide, complicité de génocide et crimes contre l’humanité. Ce procès, qui se déroulera jusqu’au 29 octobre, porte sur son implication dans le génocide des Tutsis en 1994. À 65 ans, Rwamucyo est accusé d’avoir participé à l’exécution de blessés et d’avoir incité la population à s’attaquer à la minorité tutsie.
Selon l’acte d’accusation, il aurait rejoint le militantisme anti-tutsi dès la fin des années 1980. Professeur à l’université de Butaré, il est accusé d’avoir relayé des messages de haine. Me Emmanuel Daoud, avocat de la Ligue des droits de l’Homme, rappelle que Rwamucyo exprimait ouvertement ses opinions dans plusieurs réunions publiques à l’époque.
Discours et actions lors du génocide à Butaré
L’un des faits reprochés est le discours prononcé par Rwamucyo, le 14 mai 1994, lors de la visite de Jean Kambanda, Premier ministre du gouvernement intérimaire, à Butaré. Cette ville du sud du Rwanda a vu démarrer le génocide plus tard que dans d’autres régions, et Rwamucyo est accusé d’avoir encouragé la violence contre les Tutsis.
Outre ses discours, Rwamucyo est accusé d’avoir supervisé les opérations d’enfouissement des cadavres dans la préfecture de Butaré, incluant l’achèvement des blessés survivants, avec des instructions données aux interahamwes et aux prisonniers. Me Philippe Meilhac, son avocat, admet ces enfouissements mais affirme que Rwamucyo agissait en tant que médecin pour prévenir une crise sanitaire.
Témoignages et risque de réclusion à perpétuité
Une soixantaine de témoins seront appelés à la barre lors de ce procès. Les témoignages seront cruciaux pour établir la culpabilité ou l’innocence de Rwamucyo, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité s’il est reconnu coupable.
Eugène Rwamucyo n’est pas le seul Rwandais poursuivi en France pour des faits liés au génocide de 1994. Plusieurs autres personnalités rwandaises ont été jugées dans ce cadre, dont Pascal Simbikangwa, ancien chef des renseignements rwandais, condamné en 2014 à 25 ans de prison pour génocide et complicité de crimes contre l’humanité. Octavien Ngenzi et Tito Barahira, deux anciens bourgmestres, ont également été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité en 2016 pour leur rôle dans les massacres dans la commune de Kabarondo.
Wenceslas Munyeshyaka, ancien prêtre accusé d’avoir participé aux tueries à Kigali, fait partie des personnalités poursuivies, mais son dossier n’a pas encore abouti à un procès. Ces affaires sont représentatives de l’engagement de la justice française dans la poursuite des responsables du génocide rwandais réfugiés en France.