Trois pays africains comptent parmi les plus importants réformateurs de la planète en termes de climat des affaires. Le Rwanda est le premier pays d’Afrique sub-saharienne à prendre la tête de ce classement dans le rapport Doing Business 2010, rendu public mercredi, par le groupe de la Banque Mondiale.
En Afrique, le Rwanda s’applique de façon intensive à améliorer le climat des affaires, tout comme le Liberia et l’Egypte, selon le rapport Doing Business 2010, intitulé « Mener à bien des réformes en ces temps difficiles », publié mercredi. L’enquête conjointe réalisée par la Banque mondiale et la Société financière internationale (IFC) analyse les règlementations appliquées aux entreprises (SARL) au cours de leur cycle de vie : de leur création à leur liquidation en passant par le commerce transfrontalier. Pour la première fois, un pays d’Afrique sub-saharienne est en tête des pays les plus réformateurs : l’Etat rwandais a mis en œuvre des réformes majeures dans 7 des 10 domaines couverts par l’étude entre juin 2008 et mai 2009. Une des avancées notables : il faut désormais deux procédures étalées sur trois jours pour créer son entreprise.
Deux autres pays africains, le Liberia et l’Egypte (9 et 10e), ferment le top ten des meilleurs réformateurs de la planète. Pour la quatrième fois consécutive, l’Égypte compte parmi l’élite. Ce pays fait d’ailleurs figure de « modèle », selon Sabine Hetveldt de l’IFC, coauteur du rapport, en matière d’incitation à réformer dans sa sous-région. « Il y a un échange de bonnes pratiques », a-t-elle expliqué mercredi lors de la présentation du rapport. Les Etats voisins seraient très attentifs à ce qui se passe au pays des pharaons.
Le Liberia, qui fait une entrée remarquée dans ce clan, a fait évoluer, entre autres, la procédure liée à l’obtention d’un permis de construire. De plus, le raccordement au téléphone fixe est de nouveau possible grâce à la relance de la société nationale de télécommunications. Les réformes entreprises par le Liberia ont un « un impact profond » quant à la création d’entreprises, a souligné Sabine Hetveldt.
Maurice, le paradis africain des entrepreneurs
Le Mali et le Burkina Faso brillent également pour leurs efforts dans la mise en place d’un cadre plus favorable aux entrepreneurs. Ces pays sont parmi ceux qui ont initié le plus de réformes dans au moins trois domaines étudiés par Doing Business. Ils couvrent cette année 50% des domaines pris en compte par la septième édition de Doing Business. Le Mali a gagné six places dans le classement (de 156e, en 2009, à 162e en 2010) en réformant de façon accélérée en quatre mois. L’établissement d’un guichet unique pour la création des entreprises a permis de ramener le délai de 11 à 7 jours. Ahmadou Abdoulaye Diallo, ministre malien de l’Industrie, des Investissements et du Commerce a chiffré mercredi l’incidence des réformes déjà menées au Mali. Entre juin et août 2009, le nombre de sociétés créées est passé de « 70 à 273 ». Dans le souci de demeurer dans cette dynamique et de résoudre l’épineuse question de l’accès au crédit qui se pose souvent aux entreprises, plus particulièrement en temps de crise comme aujourd’hui, le ministre malien réfléchit à l’instauration d’un médiateur du crédit dans son pays. Ce dernier facilitera le dialogue entre les sociétés et les institutions financières.
Au Burkina Faso, où le délai de transfert de propriété est passé d’environ cinq à deux mois, on ne compte pas non plus « baisser les bras dans (le) processus d’amélioration du climat des affaires », a tenu à préciser le ministre burkinabè du Commerce Mamadou Sanou. Il a annoncé la mise en place d’un guichet unique du foncier, un domaine dans lequel il a estimé que « des efforts sont attendus ».
Mais en Afrique, la palme du pays qui dispose du meilleur climat des affaires revient à Maurice pour la deuxième année consécutive. Il occupe la 17e place sur les 183 pays de l’enquête, dont 46 sont africains. Parmi eux, 29 ont entrepris des réformes. Celles qui sont les plus récurrentes sont opérées au niveau de la création des entreprises (temps, coût, capital et nombre de procédures) et du commerce transfrontalier. L’Afrique totalise 67 réformes contre 61 l’année dernière. Bien que deux tiers des réformes aient été réalisées dans les pays en voie de développement contrairement aux années précédentes, l’Afrique reste le continent le moins bien classé. Le classement moyen y est de 139. Les Etats africains doivent donc continuer à réformer même si « d’importants progrès ont été faits ».