Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian a jugé « inacceptables » les attaques de Paul Kagamé, à l’occasion des commémorations des 20 ans du début du génocide au Rwanda. Le Président rwandais jugeait la France responsable du génocide dans son pays. Le ministre a transmis un message aux armées, ce vendredi.
Après que plusieurs responsables militaires français de l’époque se soient insurgés contre les attaques de Kagamé sur la responsabilité française lors du génocide, le ministre français de la Défense s’est insurgé à son tour de ces propos, ce vendredi. Il a transmis un message aux armées dans lequel il défend « l’honneur » de l’armée française lors de l’opération Turquoise de 1994, au Rwanda.
Lundi dernier, le Président rwandais Paul Kagamé avait accusé la France de complicité de génocide. « Les mots ont un sens et, dans ces circonstances, certaines accusations ne peuvent rester sans réponse », déclare Le Drian qui poursuit : « l’honneur de la France et de ses armées, c’est d’avoir, avant les autres, réagi au drame qui se déroulait sous le regard d’une communauté internationale paralysée », rapporte l’AFP. Il ne cite pas une seule fois le nom de Paul Kagamé dans son message.
La France « ne s’est pas dérobée à son devoir »
La France avait lancé l’opération Turquoise le 22 juin 1994 avec comme mission officielle, la protection des civils des massacres alors en cours. « Sauver un maximum de vies sans prendre parti dans la lutte pour le pouvoir qui était alors engagée : c’est le défi que beaucoup jugeaient impossible et que les troupes françaises de Turquoise ont pourtant relevé »? ajoute le ministre.
Il rappelle aussi qu’une Mission d’information de la Commission de la défense de l’Assemblée nationale avait été mise en place pour évaluer l’opération Turquoise de 1994 au Rwanda. « Les conclusions de la mission, indépendante et pluraliste, ne laissaient aucune place aux accusations inacceptables qui ont été proférées à l’encontre de l’armée française ces derniers jours », indique encore Jean-Yves Le Drian.
« Plus de 1 100 documents » ont été déclassifiés par le ministère de la Défense au cours des 20 dernières années, dans le cadre des affaires de justice. Il répond ici au principal argument de ceux qui accusent la France de participation aux génocides. La non-levée du secret défense sur certains documents de cette opération rendrait la France suspecte de collusion avec les génocidaires. La France « ne s’est pas dérobée à son devoir », déclare encore Jean-Yves Le Drian.