Rwanda : l’armée française accusée de complicité de génocide


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Des avocats français ont porté plainte pour « complicité de génocide », ce mercredi, contre des militaires français engagés entre juin et août 1994 dans l’opération « Turquoise » au Rwanda. Maîtres Antoine Comte et William Bourdon souhaitent faire la lumière sur les actions menées par l’armée française, suite aux accusations portées par six plaignants rwandais. L’affaire sera suivie par le tribunal aux armées de Paris.

Par Smahane Bouyahia

L’armée française accusée de « complicité de génocide » au Rwanda. Une plainte à été déposée contre X, ce mercredi à Paris, auprès du tribunal aux armées (TAP), seule instance compétente à pouvoir juger des crimes ou délits commis par des soldats français en France où à l’étranger. Selon les avocats qui ont intenté cette action en justice, Me Antoine Comte et Me William Bourdon, leurs clients, six ressortissants rwandais, apportent des faits très précis sur l’intervention des troupes françaises dans le cadre de l’opération humanitaire « Turquoise ». Des preuves qui mettraient sérieusement en cause le rôle de l’armée française lors du génocide commis en 1994 au Rwanda.

Du point de vue de la partie civile, ces faits s’analysent en une « complicité de génocide, puisqu’il y a une participation des troupes françaises à des opérations contre un groupe ethnique », selon les termes de Me Comte rapportés par l'(Associated Press). Certains faits seraient corroborés par trois témoins, dont deux actuellement en attente d’être jugés par le Tribunal pénal international pour le Rwanda. Les plaignants assurent, pour leur part, que les soldats français laissaient des membres des Forces Armées Rwandaises (FAR) ou de la milice interahamwe entrer dans des camps de la zone humanitaire pour y appréhender des Tutsis pourchassés par le régime[[<*>Populations d’éleveurs qui représente 10 à 15% de la population du Rwanda et du Burundi. Ils ont su imposer leur primauté aux Hutus, qui constituent la plus large majorité des habitants de ces deux pays. La détérioration des rapports entre les deux communautés a conduit à un génocide au Rwanda, en 1994, où plus de 800 000 Tutsis et Hutus modérés ont été massacrés.]]. Les témoignages des six Rwandais font également état d’exactions commises par des militaires français, tels que des meurtres et des viols. Toujours selon Me Comte, des « soldats français se seraient emparés de Tutsis qu’ils auraient pris dans des hélicoptères et les auraient ensuite jetés dans le vide ».

L’opération Turquoise, soutien aux assassins en déroute

La France était la seule puissance étrangère présente, alors, dans le pays avec l’opération « Turquoise », une opération humanitaire sous mandat de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Aujourd’hui, les plaignants l’accusent d’avoir prêté main forte aux génocidaires, plutôt que d’avoir aidé les victimes. Me Comte est le premier à pointer du doigt la présence française au Rwanda entre juin et août 1994. « C’est une opération qui se donne une apparence humanitaire, mais qui avait également pour but d’empêcher le Front Patriotique rwandais (FPR) d’avancer », estime-t-il.

Du côté du ministère français de la Défense, interrogé par Afrik.com, le jour du dépôt de la plainte, aucun commentaire ne pouvait encore être fait. Selon le colonel Durand, l’Armée française ne dispose pas encore « d’éléments tangibles pour répondre à ces accusations. Il y a simplement eu des réactions dans la presse ». « Nous ne manquerons pas de répondre à toutes questions au cours de l’affaire », précise-t-il. Affaire à suivre.

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