Le chanteur Kizito Mihigo, accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat, de complicité de terrorisme et de trahison, est incarcéré au Rwanda depuis plus d’une semaine. Mais depuis son arrestation, la réitération par deux fois de ses confessions publiques amènent à s’interroger sur le respect de ses droits de la défense.
L’affaire agite le Rwanda depuis plus d’une semaine. Le chanteur populaire Kizito Mihigo, est accusé d’avoir fomenté un complot contre l’Etat en planifiant une attaque à la grenade et un coup d’Etat, en compagnie de trois autres personnes. Des faits qui ont conduit à son arrestation, annoncée le 14 avril dernier.
Ce rescapé du génocide et ses trois co-accusés se voient en effet faire l’objet des chefs d’accusations « d’atteinte à la sûreté de l’Etat », de « complicité de terrorisme » ou encore de « trahison ».
Mais depuis leur arrestation, force est de constater que les quatre co-accusés ont été présentés à plusieurs reprises devant la presse par les autorités rwandaises. Le temps pour eux de tenir des propos visant à reconnaître leur pseudo-culpabilité.
Opération médiatique
Kizito Mihigo avait ainsi été présenté devant les caméras des médias locaux et internationaux dès le lendemain de l’annonce de son arrestation. Encadré par des policiers et menotté, il avait alors déclaré avoir été en contact avec une personne en lien avec les partis politiques, disant toutefois n’avoir fait qu’échanger des conversations par Internet. Des demi-aveux réitérés lundi, où il affirme une nouvelle fois publiquement plaidé coupable de tous les chefs d’accusations qui lui sont reprochés.
Ce sont donc ces deux confessions, avant même le début de son procès, qui ont amené certains observateurs à s’interroger sur le respect des droits de la défense dans le procès de Kizito Mihigo.
Kizito Mihigo torturé ?
Les proches du chanteur, en particulier, ont fait part de leur crainte que ce dernier ait été soumis à des tortures physiques ou psychologiques, visant à lui arracher des aveux, et ce, sans même la présence d’un avocat, rapporte RFI. Des confessions qui seraient en outre « contraires au principe de présomption d’innocence consacrée par la Constitution rwandaise elle-même », selon un défenseur des droits de l’homme.
Face à cette situation, les Etats-Unis ont exprimé leur vive inquiétude, soulignant le fait que Kizito Mihigo a été amené à se confesser deux fois devant la presse, avant même son procès. Ils ont appelé Kigali à accorder au chanteur et à ses co-accusés le minimum de garanties nécessaires à un procès équitable.
Vendredi, c’est donc entouré de ses avocats que le chanteur s’est présenté devant les juges : « J’accepte les accusations », a-t-il une nouvelle fois répété, selon RFI, posant tout de même un bémol : « Que les choses soient claires, j’ai fait ces crimes lors de conversations. Je n’ai ni acheté de grenades, ni donné de l’argent ».
Estimant que par leurs déclarations ils ont avoué leurs crimes, le parquet a réclamé le maintien en détention des quatre accusés. La cour, qui examine actuellement les charges qui pèsent contre eux, devrait rendre sa décision lundi.