Avec le reggae pour thérapie, les habitants de la capitale rwandaise ont oublié, l’espace d’un concert, leur douleur. Et quand le remède porte le nom de Lucky Dube, la thérapie n’est que plus efficace.
Hutus et Tutsis étaient en transes, ce week-end, au stade Amahoro de Kigali. Le célèbre chanteur Sud-africain de reggae, Lucky Dube, a enthousiasmé les 25 000 mélomanes venus l’écouter. Message : peace and love.
Lucky Dube a pu constater sa popularité dès son arrivée à l’aéroport de Kigali. Une foule immense l’y attendait. Un cortège improvisé l’a accompagné durant tout le trajet. C’est la deuxième fois qu’il se produit au Rwanda. En 1996, son concert avait réuni autant de monde. Même s’il s’était déroulé sous haute protection policière. « Mes amis me prédisaient la mort au Rwanda à cause de l’insécurité ».
Sain et engagé
Le public français a découvert Dube en 1989, lors de sa tournée « Franchement Zoulou ». L’apartheid était encore vivant. « Dube et les membres de son groupe ont refusé de venir manger avec nous au restaurant car ils croyaient que les Noirs n’y étaient pas admis ! », se souvient Patricia, productrice de la tournée. « À chaque fois qu’ils voyaient un chien dans la rue, ils se figeaient. Ils avaient en mémoire les chiens dressés pour attaquer les Noirs en Afrique du Sud ! », s’offusque-t-elle.
Après une brève mais brillante carrière aux Etats-Unis, il revient en Afrique. Pour poursuivre ses engagements pacifiques. Ses prestations scéniques endiablées lui ont valu de nombreuses accusations d’utilisation de drogues. Végétarien et croyant, il revendique une douleur mystique. « On me voit souvent sous le coup de fortes émotions quand je suis sur scène. C’est lié à la douleur et aux souffrances des opprimés qui transparaissent dans le contenu de mes chansons ».