Les juges français Marc Trévidic et Nathalie Poux ont terminé, mardi, leur enquête sur l’assassinat du Président rwandais Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994.
La vérité finira-t-elle pas apparaître au grand jour ? Le 6 avril 1994, le Président du Rwanda, Juvénal Habyarimana, est assassiné en compagnie du chef d’état-major de l’armée rwandaise et du Président burundais, Cyprien Ntaryamira. Leur avion est abattu par plusieurs roquettes. Après l’enquête du juge Bruguière, débutée en 1998, qui conclut à la mise en examen du Président rwandais Paul Kagamé et de certains de ses proches, avait créé une tension diplomatique entre la France et le Rwanda. En 2007, les juges Trévidic et Poux reprennent tout à zéro. Ce mardi, l’instruction s’est achevée, ont annoncé les avocats de la défense.
Les enquêtes balistiques semblent avoir montré que les missiles ont été tirés depuis une colline occupée par les forces armées rwandaises du Président Habyarimana. Les juges ont refusé de désigner les auteurs de l’attentat. La défense et les sept proches mis en examen du Président du Rwanda Paul Kagamé ainsi que la famille Habyarimana vont maintenant prendre connaissance du dossier. Ils peuvent demander de nouvelles procédures ou l’annulation de certains actes dans un délai de trois mois. L’enquête de ces juges français se justifie en raison de la plainte déposée par la famille des pilotes de l’avion abattu à l’époque et qui étaient de nationalité française.
« Une perversion de la justice »
Etablir les circonstances de cet attentat apparaît comme déterminant afin de situer les responsabilités et le déroulement de ce génocide au Rwanda, entre avril et juillet 1994, qui aurait fait près de 800 000 morts. Car si l’attentat a été perpétré par les membres du Front patriotique rwandais (FPI) de l’actuel Président Kagamé, la préméditation du génocide en devient plus difficile à démontrer. La stratégie du FPI en guerre contre le régime d’Habyarimana pour la conquête du pouvoir au moment des faits et dont la légitimité est construite sur le fait d’avoir stoppé le génocide se fragilise alors.
Le ministre rwandais de la Justice, Johnston Busingwe, s’est pourtant déclaré très confiant : « Ce n’est pas surprenant car nous avons toujours considéré que cette affaire était une perversion de la justice. Nous pensons que l’une des plus grandes manipulations de la justice française arrive peut-être à sa fin, en commençant par cette importante décision qui a été prise dans la progression de l’enquête. Nous avons toujours dit que l’avion transportant l’ancien Président de ce pays avait été abattu par des éléments extrémistes de son propre camp. Nous arrivons à un tournant, c’est un jour important pour la justice, la vérité va finalement l’emporter. A l’avenir, nous prévoyons que toute cette affaire va s’effondrer et que ce cas de longue date, qui n’était qu’une fiction montée par le juge Bruguière, va prendre fin », peut-on lire sur RFI.