Mercredi 26 février, les autorités rwandaises ont rendu publics les résultats de l’autopsie du chantre du gospel Kizito Mihigo. Que révèle l’autopsie de l’homme qui, selon les informations officielles, avait été « retrouvé pendu » ?
Retrouvé mort le 17 février dans sa cellule de la Remera, la police avait déclaré que le chanteur de gospel avait volontairement mis fin à ses jours. Une déclaration que viennent confirmer les résultats de l’autopsie rendu publics, ce mercredi. Des résultats signés et publiés par l’autorité des poursuites judiciaires du pays. À l’issue de ses enquêtes, le Bureau des investigations du Rwanda, a conclu que Kizito Mihigo est mort par asphyxie et la plus probable cause est la pendaison.
Selon le rapport de police, l’artiste aurait été découvert pendu à la fenêtre de la cellule dans laquelle il était gardé à l’aide des draps de son lit. Les policiers qui étaient de garde avaient déclaré qu’ils n’avaient rien entendu puisqu’ils étaient loin de la cellule où la scène s’était produite. Et le procureur général du pays avait annoncé qu’il n’engagerait pas de poursuites légales faute de motif valable.
Demande d’une enquête indépendante
Tombés hier, ces résultats ne convainquent toutefois pas tout le monde. C’est le cas de l’opposition qui aurait préféré que le gouvernement accepte d’ouvrir une enquête indépendante du Bureau des Investissements rwandais dont elle doute de l’impartialité dans l’affaire Kizito. L’opposante Victoire Ingabire déclare d’ailleurs que le défunt était considéré comme ennemi des membres du parti au pouvoir. La communauté internationale a, elle aussi, formulé la même demande. En effet, Amnesty International, Human Rights Watch et le Royaume-Uni ont demandé au gouvernement rwandais d’ouvrir une enquête indépendante pour élucider l’affaire.
Selon le directeur de la zone Afrique Centrale de Human Rights Watch, Lewis Mudge, les réponses sur les circonstances de la mort du chanteur n’ont pas été données dans le rapport du Bureau des Investigations. Son institution, qui n’est pas satisfaite du rapport de l’enquête, demande qu’une autre enquête soit ouverte, mais qu’elle soit indépendante et capable de donner de vraies informations sur les circonstances de l’arrestation, du transfert de Kizito et le traitement réservé à Remera.
Pour rappel, le chanteur de gospel n’est pas le seul à perdre la vie dans les cellules rwandaises. En 2019, un ancien cadre d’une banque rwandaise avait aussi perdu la vie dans sa cellule, alors qu’il était condamné à une peine d’emprisonnement de 10 ans pour corruption.
Tutsi genocide survivors write to the ruler of #Rwanda, @PaulKagame, in regard to his brutal assassination of gospel singer #KizitoMihigo. @mkainerugaba @ItsMutai@Winnie_Byanyima @KagutaMuseveni@hrw @amnesty @TheSun @BBCAfrica@StateHouseKenya @bbcgahuza https://t.co/IFzubBYMmC
— Robert Patrick Fati Gakwerere (@RGakwerere) February 27, 2020