Le Président rwandais Paul Kagamé est en déplacement, ce vendredi 27 février, à Paris, pour participer à une conférence à l’Unesco. Toujours en froid avec Paris, le dirigeant rwandais ne devrait pas rencontrer les autorités françaises.
Il sera comme un invité qui vient dans la maison de son hôte, mange, dort, mais n’adressera pas la parole au propriétaire. Paul Kagamé ne sera pas en déplacement à Paris, ce vendredi 27 février 2015, pour une visite de courtoisie. Ni pour rencontrer les autorités françaises. Non. S’il se rend dans la capitale française, c’est pour participer à une conférence à l’Unesco sur l’éducation et les nouvelles technologies de l’information et de la Communication. Le chef d’Etat rwandais sera d’ailleurs accompagné du ministre rwandais de la Jeunesse et des Technologies de l’information, Jean-Philbert Nsengimana.
Il n’est pas prévu qu’il rencontre son homologue François Hollande ou d’autres responsables politiques français. Il faut dire que les relations houleuses entre Kigali et Paris ne se sont pas estompées au fil des années. Kigali accuse en effet la France d’être un refuge pour les présumés génocidaires du fait de ses liens avec le régime du défunt Président rwandais Juvénal Habyarimana. D’ailleurs, les visites de Paul Kagamé à Paris sont très rares. La dernière en date remonte à septembre 2011.
Lors du sommet de la Francophonie à Dakar, le 29 et 30 novembre 2014, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, n’avait pas caché son irritation face aux propos du Président français, qui avait appelé les chefs d’Etat africain à ne pas modifier leur Constitution pour se maintenir au pouvoir et à réfléchir à l’exemple burkinabè après la chute de Blaise Compaoré. La chef de la diplomatie rwandaise qui s’est confiée à France 24, suite à la sortie du dirigeant français, n’a pas mâché ses mots à l’égard de François Hollande : « Je trouve ça gênant qu’un président qui est avec ses pairs, ici, au sommet de la Francophonie ne vienne pas discuter avec eux, mais dicter ce qui devrait se passer dans leur pays », évoquant une attitude inélégante.
Même si elle a reconnu que le Président français peut « exprimer son point de vue et donner des conseils à ses pairs », elle déplore le ton paternaliste et quasi directif. « Lorsqu’il dit : « Je suis venu à Dakar pour dire aux Africains », je trouve que ce n’est pas normal ! Nous sommes en 2014 ! », a-t-elle fustigé. Et la ministre de poursuivre : « Qui décide de l’avenir politique des Africains ? », s’est elle interrogée, avant d’affirmer « ce n’est pas Paris qui décide, c’est évident ».