Rupert Murdoch : un danger pour la culture égyptienne ?


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Rupert Murdoch
Rupert Murdoch

Les intellectuels égyptiens digèrent mal la nouvelle. Le mois dernier, le prince saoudien Al-Walid Ben Talal a cédé 9,09 % des actions de son groupe de divertissement Rotana à News Corporation, dont le patron n’est autre que le très pro-israélien magnat de la presse mondiale, Rupert Murdoch. Les Egyptiens craignent pour l’avenir d’une partie de leur patrimoine cinématographie, dont Rotana est propriétaire. Réactions.

Une union contre-nature. Le monde culturel égyptien ne décolère pas après l’annonce de l’accord de partenariat entre le prince saoudien Al-Walid Ben Talal et Rupert Murdoch. Le 23 février dernier, le prince saoudien a cédé 9,09 % des actions de son groupe de divertissement régional Rotana à News Corporation, propriété du magnat des média réputé très pro-israélien. L’accord est assorti d’une option donnant à Rupert Murdoch la possibilité de doubler sa participation dans les 18 mois à venir.

A la tête d’un véritable empire médiatique, Rupert Murdoch est un fervent défenseur de l’Etat hébreu. Il est propriétaire du réseau de chaînes de télévision Fox News, connu pour sa proximité avec les néoconservateurs américains. Ses studios Twentieth Century Fox ont produit plusieurs films présentant les arabes et la cause palestinienne sous un mauvais jour, et il n’a jamais caché son franc soutien à Israël.
Beaucoup d’intellectuels égyptiens craignent qu’une partie du patrimoine artistique égyptien et arabe ne tombe entre les mains de l’homme d’affaires. En Egypte, Rotana est l’un des principaux producteurs de cinéma et possède les droits de bobines d’environ 1300 films. « Nous sommes maintenant face à la réalité de la vente d’œuvres cinématographiques et musicales arabes à un investisseur qui est l’une des causes de l’image erronée du conflit arabo-israélien en Occident », indique le romancier Ezzat Qamhaoui . « L’important n’est pas la part vendue par Al-Walid, car qui a cédé 9% peut céder le reste de la compagnie », estime-t-il.

« Murdoch va bientôt commander les Arabes »

La critique Ola al-Chafei n’a pas non plus caché son inquiétude. A ses yeux, ce partenariat « équivaut à une défaite pour le patrimoine cinématographique et artistique arabe ». « Murdoch entrera ainsi dans chaque maison arabe pour imposer la normalisation » avec Israël, ajoute-t-elle.

« Murdoch va bientôt commander les Arabes par les médias, et pourquoi pas puisque les capitaux n’ont ni nationalité ni confession, écrit pour sa part Gamal Zaïda, éditorialiste à Al-Ahram Hebdo, qui déplore le manque d’engagement de l’Etat dans la sauvegarde du patrimoine artistique égyptien. «Alors qu’Al-Walid a acheté le patrimoine cinématographique de l’Egypte et va le vendre à Murdoch, nos ministres lancent des slogans du genre « j’aime l’Egypte » et personne n’a bougé pour sauver le patrimoine cinématographique et musical de l’Egypte qui navigue actuellement dans l’espace de la mondialisation », regrette-il.

De son côté, la société cinématographique nationale, propriété de l’Etat, a annoncé la semaine dernière qu’elle « arrêterait sa collaboration avec la société Rotana si elle vend toute part de la société à Murdoch ».

Rotana a fait profil bas face à la polémique. Mais une source proche de la société, citée par l’AFP, a indiqué que cet accord « pourrait être l’occasion de changer le point de vue du nouveau partenaire au sein de Rotana ».

La prise de participation du magnat de la presse dans le groupe de divertissement arabe vise à faire profiter Walid Ben Talal de l’expertise News Corporation -dont il possède en outre 7% des parts. Rupert Murdoch pourra, lui, parachever son empire médiatique autour de la planète en consolidant sa présence au Moyen-Orient. Business is business.

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