La crise ivoirienne va être adaptée au cinéma. En effet, le film « Run » de Philippe Lacôte retrace cette période sombre du pays, qui a fait plusieurs milliers de morts de 2002 à 2011. Le réalisateur, à travers son film, souhaite une prise de conscience, notamment de la part des jeunes.
La Côte d’Ivoire va revivre la période la plus sombre de son histoire sur grand écran. Le réalisateur Philippe Lacôte retrace, dans son film, la crise qui a frappé la Côte d’Ivoire de 2002 à 2011. Le film dont le tournage s’est achevé au début du mois de septembre se veut être un moyen de prise de conscience de la population, particulièrement les jeunes, sur cette période de la Côte d’Ivoire.
Une crise vécue par le réalisateur
Le film revient sur la vie d’un adolescent appelé à devenir féticheur de son village, qui rejoindra par la suite les jeunes patriotes, les plus farouches partisans de l’ex-Président Laurent Gbagbo. Le réalisateur Franco-Ivoirien a vécu en Côte d’Ivoire durant la crise, il s’est donc inspiré de ce qu’il a vu afin de réaliser son film. « J’étais en Côte d’Ivoire en septembre 2002, quand la rébellion a commencé. J’ai filmé mon quartier à Yopougon Wassakara (fief des partisans de Gbagbo) pendant trois semaines. Plus tard, j’ai continué de suivre le conflit », a-t-il déclaré. L’acteur principal du film « Abdel Karim Konaté » a lui aussi vécu la crise, « il y a des scènes qui me rappellent textuellement mon vécu pendant et après la guerre. j’étais là, à Yopougon, là ou ça a vraiment chauffé. On raconte l’histoire, il faut la raconter à ceux qui ne l’ont pas vue ».
Une crise toujours omniprésente
Réaliser ce film a été un exercice difficile, tant la population reste traumatisé par la crise. D’autant plus que Laurent Gbagbo se trouve actuellement emprisonné à la Haye, en attente d’un jugement de la Cour pénale internationale. « On a déjà eu des problèmes », reconnaît Philippe Lacôte, « on a tourné dans un ancien siège du FPI (le parti de l’ex-Président) occupé aujourd’hui par l’armée ivoirienne ». Ce qui lui a valu d’être accusé par la presse ivoirienne de faire un film, afin de réunir des preuves contre Laurent Gbagbo. Ce qui ne l’a pas arrêté pour autant, car son objectif est seulement de raconter cette crise et non pas de dire quelle partie a tort ou raison. Le film pose tout simplement la question suivante : comment sommes-nous arrivés à la violence ?
Run pour relancer le cinéma ivoirien
Au-delà d’éveiller les consciences, « Run » se doit de relancer le cinéma ivoirien, selon Mamidou Coulibaly-Diakité, président du Conseil de gestion du fonds de soutien à l’industrie cinématographique. Car le cinéma ivoirien, depuis la mort de grands réalisateurs, s’est mué dans le silence. Plus que deux salles de cinéma sur 80 existantes dans le pays sont utilisées aujourd’hui « Il faut tout reprendre à zéro », lance M. Coulibaly-Diakité via « une action volontariste sur le cinéma ». L’Etat ivoirien finance ainsi le film à hauteur de 7% du budget. Le reste des fonds provient de France et d’Israël. Pour une mise totale de 1,8 million d’euros.
La sortie de « Run » est prévue en 2014, avec une diffusion « en France, en Allemagne et dans de nombreux festivals », selon sa productrice, Claire Gadea.