L’équipe chérifienne de rugby a battu pour la première fois de son histoire un Quinze de France samedi à Casablanca. Au-delà de la performance, Saïd Bouhaged, le président de la Fédération marocaine de rugby, reste avant tout soucieux des bonnes relations avec l’ovale tricolore. Interview.
L’équipe marocaine de rugby a écrit samedi l’une des plus belles pages de l’ovale chérifien en battant pour la première fois de son histoire une sélection nationale française sur le score de 32 à 22. Une performance de taille même s’il ne s’agissait pas du grand Quinze de France et qu’il s’agissait simplement d’un match amical. Mais pour le président de la Fédération marocaine de rugby (FMR), le plus important n’est pas là. L’intérêt de la rencontre réside avant tout dans l’esprit de fraternité entre les deux nations sportives.
Afrik : Que vous inspire la victoire historique du Quinze marocain contre la France ?
Saïd Bouhaged : La victoire n’a pas d’importance. Le plus important est que l’équipe de France ait été bien accueillie et j’espère qu’elle gardera un bon souvenir du Maroc. C’est la relation sportive entre nos deux pays qui est primordiale. Il faut savoir tisser des liens dans une relation. Et savoir recevoir les gens est très important. C’est la France qui a amené le rugby au Maroc. C’est un pays ami et je crois qu’il faut aller au-delà du résultat.
Afrik : La performance est tout de même de taille
Saïd Bouhaged : Nos joueurs étaient un peu plus motivés que les joueurs français. Ces derniers nous ont toujours battus et ils s’attendaient à une partie facile. En première mi-temps, nous étions menés au score alors qu’il n’y avait que des joueurs marocains évoluant en France sur le terrain (17 -22 à l’entrejeu, ndlr). Ce sont les joueurs du championnat marocain, entrés en seconde période, qui ont réussi à inverser la vapeur.
Afrik : Cette équipe de France n’était ni véritablement l’équipe B, ni l’équipe Espoir. Quelle était exactement cette équipe de France ?
Saïd Bouhaged : Je ne sais pas moi-même. Mais il s’agissait bien d’une sélection nationale, d’une véritable équipe de France. Sinon je ne pense pas que le président de la Fédération française de rugby et ses deux vice-présidents, auraient fait le déplacement.
Afrik : Il y avait dans les tribunes, les présidents des fédérations malienne, tunisienne, sénégalaise et mauritanienne de rugby. Que faisaient-ils tous là ?
Saïd Bouhaged : L’ancien président de la FMR, Aziz Bougja, a été élu l’année à la tête de la Confédération africaine de rugby. Il a réorganisé l’ancienne d’Afrique en trois zones (l’ancien Top 6 est devenu le Top 9, trois poules de trois équipes, ndlr). Il a profité du match pour inviter les pays francophones africains pour élire le président de la zone 1. D’où leur présence dans les tribunes.
Afrik : Vous semblez ne pas accorder d’importance au résultat de samedi. Quels sont les objectifs de la FMR ?
Saïd Bouhaged : Améliorer ou conserver la position du Maroc sur le plan international, notamment en rugby à 7. Et régler le problème du rugby national. Un développement qui passe par plus de clubs (le pays compte 6 000 à 7 000 licenciés, ndlr) et plus de moyens.
Afrik : Des moyens financiers ?
Saïd Bouhaged : Non, surtout en matière d’infrastructures. Nous n’avons que très peu de terrains de rugby au Maroc. Donnez moi plusieurs terrains dans les grandes villes, un dans les plus petites et je vous garantis que d’ici 5 à 6 ans nous serons en mesure, je ne dis pas de gagner, mais de tenir une bonne opposition contre l’équipe de France A.