Rome, 9 juillet 2024 – La célèbre chanteuse malienne Rokia Traoré reste en détention en Italie, près de trois semaines après son arrestation à l’aéroport de Rome le 21 juin dernier. Cette affaire, qui mêle droit international, accusations graves et enjeux familiaux, continue de susciter l’émoi dans le monde artistique et au-delà.
Rokia Traoré, 50 ans, figure emblématique de la musique africaine contemporaine, a été arrêtée en Italie en vertu d’un mandat d’arrêt européen émis par la Belgique. Elle est poursuivie pour « non-représentation d’enfant », après avoir refusé de remettre sa fille de 13 ans à son ex-compagnon, qui en a la garde officielle selon la justice belge.
Au cœur du conflit, des accusations graves
L’artiste malienne accuse son ex-compagnon d’attouchements sexuels sur leur fille, des allégations que l’intéressé réfute catégoriquement. La justice belge a classé sans suite ces accusations, faute de preuves suffisantes selon elle. Cette décision est vivement contestée par Rokia Traoré et ses soutiens.
Déjà arrété une première fois en France en 2020, la chanteuse avait alors poursuivi une grève de la faim pour sensibiliser l’opinion internationale sur son cas.
En octobre 2023, un tribunal belge a condamné Rokia Traoré, par défaut, à deux ans de prison. L’artiste, qui avait quitté l’Europe pour s’installer au Mali en 2020, a fait appel de cette décision. Une audience est prévue devant la cour d’appel de Bruxelles le 25 octobre prochain.
L’extradition en question
Le 4 juillet, la cour d’appel de Rome a donné son accord pour l’extradition de Rokia Traoré vers la Belgique. Ses avocats ont immédiatement annoncé leur intention de contester cette décision devant la Cour de cassation italienne, dénonçant une « procédure inique » et une « violation des droits fondamentaux » de leur cliente.
L’arrestation et la détention de Rokia Traoré ont déclenché une vague de solidarité internationale. De nombreux artistes, intellectuels et personnalités publiques ont exprimé leur soutien à la chanteuse, appelant à sa libération et à un réexamen approfondi de l’affaire.
L’Unicef, sans prendre position sur le fond, a appelé à une résolution rapide et pacifique du conflit, dans l’intérêt supérieur de l’enfant. L’affaire Rokia Traoré soulève des questions cruciales sur les droits des femmes, la protection de l’enfance.