Le professeur de philosophie français, Robert Redeker, a fait sa première intervention publique depuis qu’il a été menacé de mort à la suite d’une tribune critique sur l’Islam dans le quotidien Le Figaro, en septembre dernier. Mercredi, sur la radio Europe 1, il s’est exprimé sur l’arrestation du djihadiste marocain qui l’avait menacé et a annoncé la sortie d’un livre, Il faut tenter de vivre, retraçant ce qui lui était arrivé.
« Tout ce que je vis m’apparaît comme un bonus », a déclaré Robert Redeker, ce matin, au micro du journaliste Jean-Pierre Elkabbach, sur l’antenne d’Europe1. Pour sa première intervention publique depuis qu’il a été menacé de mort après la publication d’une tribune critique envers l’Islam dans Le Figaro du 19 septembre 2006, le professeur de philosophie a fait montre d’un soulagement modéré. Adil al Hyanne, l’auteur présumé de l’appel au meurtre dont-il a été victime sur le forum d’un site djihadiste, a été arrêté le 19 décembre par la police marocaines après qu’il a été extradé par les autorités libyennes. Le jeune homme tentait de se rendre en Irak pour participer au djihad.
Mais selon Robert Redeker, son interpellation « relance les peurs, relance les craintes, parce qu’elle prouve qu’il s’agit de djihadistes organisés ». Le philosophe a affirmé qu’il était « toujours protégé » par la police : « Il y a des dispositifs très précis qui assurent ma protection à mon domicile et lors de mes déplacements. L’organisation de ces dispositifs un peu partout prouve l’existence de la menace qui ne concerne pas que ma personne mais qui concerne aussi mon entourage, ma famille, mes enfants, ma femme ».
L’ancien professeur de philosophie au Lycée de Saint-Orens-de-Gameville, près de Toulouse, a eu la dent dure avec l’Education nationale. Il continue de percevoir son salaire, mais estime que son ministre de tutelle, Gilles de Robien, ne l’a pas soutenu, alors qu’il l’a été « de manière très nette par Nicolas Sarkozy », le ministre de l’intérieur.
Robert Redeker refuse de faire amende honorable
Ayant déménagé plusieurs fois et dû respecter un silence prudent, Robert Redeker, 52 ans, a dit « avoir vécu comme dans un tombeau ». Il a aussi affirmé s’être senti abandonné par ses collègues et les syndicats : « Il y a derrière des raisons politiques. J’étais une victime mais je n’étais pas une bonne victime. Je n’étais pas pauvre, je n’étais pas sans papier, je n’étais pas politiquement, sans doute, du bon côté ». Evoquant des associations telles que la Ligue des droits de l’homme et le Mrap, il a déclaré que, pire que de ne l’avoir pas soutenu, elles « [l’]ont considéré comme mort ».
Interrogé sur sa tribune du 19 septembre, dans laquelle il écrivait que le Coran est un « livre d’inouïe violence » et que le prophète Mahomet était un «chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame», Robert Redeker a refusé de faire amende honorable. Pour lui, revenir sur ces propos serait « intellectuellement indigne ». Il a estimé qu’il n’avait « pas frappé trop fort », et que ce qu’il avait dit « dans ce texte du Figaro est une partie de la vérité ». Il a ajouté qu’« aucun prophète ne doit nous terroriser en pays laïc ou ailleurs. »
Robert Redecker espère reprendre ses cours de philosophie « si c’est possible ». Sur les événements qu’il a vécu depuis le mois de septembre, il a écrit un ouvrage, Il faut tenter de vivre, paru aux éditions du Seuil.