Dans un article publié sur son site, Jeune Afrique analyse et décortique les dessous de l’affaire Bourgi. Pourquoi s’est-il lâché, que sait-il encore, où va-t-il ? Autant de questions sur lesquelles François Soudan apporte des éléments de réponse.
Peu d’hommes peuvent se prévaloir d’avoir son estime. Seuls Jacques Foccart, son « maître » et Omar Bongo Ondimba, « papa » comme il l’appelle, semblent en faire partie. Dans un entretien, Robert Bourgi déclare en parlant de l’ancien chef d’Etat gabonais, « il sait que j’ai fait cela pour venger sa mémoire ». Puis un peu plus loin il précise : « Cela me taraudait depuis la mort de papa, en juin 2009 », explique-t-il. « Les temps ont changé, il fallait que je me débarrasse de ce fardeau. (…) Sassou Nguesso, Obiang Nguema et, Dieu ait son âme, papa, ils doivent savoir et comprendre que j’ai réglé les comptes pour eux?: ils ont été si généreux envers Chirac et Villepin et ils ont été si mal payés en retour?! N’oubliez pas que l’affaire des « biens mal acquis » a commencé alors qu’ils étaient encore au pouvoir. Ils n’ont rien fait pour l’arrêter ».
Mais derrière cette explication peu crédible du chevalier blanc, François Soudan discerne une toute autre vérité. Celle d’un coup de poker, d’un homme lâché par le pouvoir (Alain Juppé à son arrivée il y a quelques mois au ministère des Affaires étrangères a mis un véto à la présence de Robert Bourgi dans les relations avec l’Afrique, lui coupant par la même occasion ses importantes sources de revenus), un homme blessé, qui cherche à se venger et à montrer qu’il a encore des cartes en main et qu’il faut le laisser revenir jouer.
Résultat, analyse François Soudan, après ses déclarations initiales au JDD, Robert Bourgi aurait vu Nicolas Sarkozy et Claude Guéant, inquiets de la tournure des évènements, et ensemble ils auraient alors défini la ligne à tenir. D’où les quelques ajouts supplémentaires fait ensuite par Robert Bourgi. L’accusation de Jean-Marie Le Pen, qui aurait reçu lui aussi de l’argent d’Omar Bongo, histoire de mouiller aussi sa fille Marine Le Pen, candidate à la prochaine élection présidentielle en France. Et aussi le volte face vis à vis de la famille Wade qui n’aurait finalement jamais été impliquée contrairement aux premières déclarations : « sous le coup de l’émotion », Robert Bourgi se serait simplement « trompé ».
Cette théorie, bien expliquée par François Soudan, est tout à fait plausible, mais à Afrik nous pensons par ailleurs que ce grand déballage a aussi servi à faire de l’ombre à la sortie du livre de Pierre Péan, La République des mallettes, où les révélations de Bourgi apparaissaient dans le détail et ainsi masquer son personnage principal, Alexandre Djouhri, qui grâce à cette histoire passe relativement inaperçu.
Lire l’article de François Soudan sur Jeune Afrique : Affaire Bourgi : les dessous d’un grand déballage