Risque de famine extrême : les États-Unis à la rescousse du Soudan


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Famine
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Au Soudan, pays secoué par un conflit fratricide depuis plus d’un an, cinq millions de personnes sont exposées à une terrible famine. La situation est si critique que les États-Unis ont décidé d’un appui de 315 millions de dollars au pays.

315 millions de dollars ! C’est le montant de l’aide d’urgence que les États-Unis ont décidé, vendredi, d’accorder au Soudan où cinq millions de personnes sont menacées par une famine d’une ampleur jamais atteinte sur le continent depuis la grande famine qui a frappé l’Éthiopie au début des années 1980 et qui avait entraîné la mort de quelque 1.2 million de personnes. Au-delà des cinq millions d’habitants directement menacés au Soudan, deux millions de Soudanais réfugiés dans les pays voisins à cause de la guerre sont également en proie à un manque croissant de nourriture. L’aide américaine devrait permettre de fournir de la nourriture, de l’eau potable, de dépister et de proposer un traitement d’urgence à la malnutrition chez les enfants.

Un conflit meurtrier jusque-là sans issue

C’est le 15 avril 2023 que la guerre a éclaté au Soudan, opposant l’armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan et les FSR (Forces de soutien rapide) du général Mohamed Hamdan Dagalo, alors vice-président du Conseil souverain de transition. Ce conflit est la résultante des désaccords entre les deux généraux après le coup d’État du 25 octobre 2021, date à laquelle Abdel Fattah al-Burhan – en accord avec Mohamed Hamadan Dagalo – avait imposé des mesures exceptionnelles, dont l’état d’urgence qui ne sera levé que le 29 mai 2022.

Ces désaccords entre l’armée et les Forces de soutien rapide concernent surtout la réforme de la sécurité militaire et l’intégration des paramilitaires des FSR dans l’armée régulière. Mais en réalité, c’est d’une lutte de pouvoir entre les deux généraux qu’il s’agit. Au départ, la capitale, Khartoum et la ville de Bahri étaient les principaux centres du conflit qui s’est par la suite étalé sur une bonne partie du territoire.

Incapable de s’entendre et même de respecter les nombreux cessez-le-feu qu’ils ont signés, les deux généraux continuent de s’affronter. Mais, les premières victimes sont la population civile où l’on compte des milliers de morts ainsi que des millions de déplacés – plus de 7,1 millions selon les estimations faites en décembre –.

Un scénario catastrophe

L’administration américaine ne cache pas sa grande inquiétude face au drame qui se joue déjà au Soudan et aux proportions qu’il pourrait atteindre si rien n’est fait. C’est ce que traduisent les propos de l’ambassadrice des États-Unis aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield : « Il faut que le monde se réveille face à la catastrophe qui se déroule sous nos yeux ». La diplomate avance des chiffres alarmants qui devraient susciter des réactions d’ensemble immédiatement : « Nous avons vu des projections de mortalité selon lesquelles plus de 2,5 millions de personnes – environ 15 % de la population – au Darfour et au Kordofan, les régions les plus durement touchées, pourraient mourir d’ici la fin du mois de septembre ».

Les populations civiles sont prises au piège, puisque les belligérants empêchent même l’aide humanitaire de leur parvenir. Quand cette aide parvient péniblement au pays, elle est en grande partie pillée, vandalisée.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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