Ancienne basketteuse de l’ASC Bopp et capitaine de l’équipe nationale du Sénégal, Mame Penda Diouf fait partie des joueuses qui ont marqué l’histoire de la balle au panier sur le continent africain. Elle est six fois championne d’Afrique des nations, dont cinq avec le Sénégal (1974, 1976, 1978, 1981 et 1985). Elle fut également la première Reine du basket sénégalais, deux années consécutives, en 1977 et 1978. Avec son club l’ASC Bopp, elle remporte la Coupe d’Afrique en 1985, ainsi que plusieurs titres sur le plan national.
Entretien
Vous êtes une ancienne internationale sénégalaise des années 70 à 80, que retenir de votre parcours en tant que basketteuse ?
J’ai eu un parcours très riche avec mon club l’ASC Bopp et aussi l’équipe nationale du Sénégal. Je suis la première Reine du basket sénégalais, pendant deux années consécutives, en 1977 et 1978. Je suis cinq fois championne d’Afrique en 1974 en Tunisie, 1978 en Somalie, 1976, 1981 et 1985 au Sénégal et vice-championne en 1983 à Luanda, en Angola. J’ai aussi participé au championnat du monde de 1975, en Colombie. Avec mon club l’ASC Bopp, j’ai également eu à remporter la Coupe d’Afrique des clubs en 1985.
Que devient Mame Penda Diouf de même que sa génération ?
Mame Penda Diouf est là, en train de passer une retraite paisible chez moi avec ma famille. Avec ma génération, nous avons créé une association des anciennes gloires. On se voit tous les dimanches et on se fréquente régulièrement, ça va…
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur le basket féminin au Sénégal, qui se fait titiller par le Nigeria, le Mali ou encore l’Angola ?
Sur le plan du basket, le Sénégal doit encore plus travailler, parce que les autres pays nous rattrapent. Seul le travail paie. Le Nigeria nous a battu deux fois, en finale de l’Afrobasket 2017 au Mali (65-48) et 2019 ici au Sénégal (60 à 55). Pour la première fois depuis 1966, l’équipe nationale du Sénégal était absente du podium, en 2021, au Cameroun. Une compétition qui a été une fois de plus remportée par le Nigeria devant le Mali (70-59). C’est encore le Nigeria qui nous avait battu en demi-finale (73-63), avant qu’on ne rate même le podium face au Cameroun (49-53). Je crois qu’il y a encore du boulot à faire, pour que le Sénégal puisse retrouver son lustre d’antan dans le basket féminin africain. Les dirigeants sont conscients de la situation.
Vous avez sûrement regardé le sacre du Sénégal lors de la dernière CAN au Cameroun. Quel était le sentiment qui vous animait le soir du 9 février dernier ?
Au soir du 9 février dernier, c’était comme une sorte de délivrance. Le Sénégal venait de remporter, pour la première fois, le titre de champion d’Afrique de football. Un sentiment indescriptible en tant que Sénégalaise et en voyant la liesse populaire. Le peuple, dans toute sa composante, est sorti massivement comme un seul homme, uni plus que jamais. Il attendait impatiemment ce sacre qui a fait beaucoup de bien à tout le monde. Nous souhaitons revivre la même chose lors de la prochaine Coupe d’Afrique des nations, en Côte d’Ivoire.
Le 8 mars, c’est la journée internationale de la femme. Pensez-vous que les femmes ont acquis tous leurs droit au Sénégal ?
On est aujourd’hui 8 mars, Journée internationale de la femme. Je souhaite à toutes les femmes du monde une bonne fête. Sinon, je pense qu’il y a eu des changements, ces dernières années, sur le statut des femmes au Sénégal, mais elles n’ont pas encore acquis tous leurs droits. Elles continuent tout de même de se battre pour améliorer la vie de toutes les Sénégalaises, dans les grandes villes comme dans les villages. Il faut que les dirigeants fassent beaucoup plus confiance aux femmes. Nous sommes le poumon de l’économie, de la croissance et de la démographie du pays. Rien de bon ne peut se construire sans les femmes.
Que pensez-vous de la nouvelle politique sportive de l’Etat avec des infrastructures de dernière génération, respectivement pour la lutte, le basket et le football ?
L’État sénégalais semble bien comprendre que pour avoir des équipes nationales fortes et des champions, il faut construire des infrastructures dignes de ce nom. Il est en train de construire des infrastructures sportives de dernière génération, en témoignent le nouveau stade Me Abdoulaye Wade pour le football, l’Arena de Dakar pour le basket et autres disciplines, mais aussi pour la lutte traditionnelle. Il s’apprête également pour la réfection des autres stades. Il faudra désormais bien les entretenir.
Quelle est la basketteuse qui a le plus impressionnée Mame Penda Diouf ?
La basketteuse sénégalaise qui m’a le plus impressionnée de tous les temps, c’est Marième Ba. Nous avons joué ensemble à l’ASC Bopp et en équipe nationale du Sénégal. Elle jouait meneuse comme moi, mais très douée. C’était une redoutable joueuse, qui avait toutes les qualités techniques et athlétiques pour porter toujours son équipe à la victoire. Elle est très sérieuse et disciplinée, une véritable battante.
Votre génération a beaucoup fait pour le basket sénégalais, a-t-elle eu une reconnaissance au plus haut sommet de l’Etat?
Effectivement, nous avons été élevés à l’Ordre National du Mérite par le Président à l’époque, Abdou Diouf.
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