Richard Flash : « Je ne fais pas de l’afro-zouk »


Lecture 6 min.
Richard Flash
Richard Flash

Deux ans après l’expérience « Kissto », le zoukeur béninois Richard Flash revient en force avec « Zé-Kêmi ». Un album dont l’un des titres est classé numéro un depuis plus d’un mois sur la radio Africa N°1. Une belle consécration pour l’ex animateur radio vedette de Cotonou qui revient pour Afrik sur son parcours et son actuel bras de fer avec le bureau béninois des droits d’auteurs.

Premier depuis un mois au Kilimandjaro, le classement musical de la radio Africa N°1, quatrième au Top Africa de Claudy Siar sur Radio France international, Richard Flash met tout le monde d’accord quant à son retour dans le bac. Le zoukeur béninois, que l’on attendait au tournant après le succès de son premier album Kissto, revient en force avec un second album événement : Zé-Kêmi. L’ancien animateur radio vedette de Cotonou confirme son talent artistique. Il revient pour Afrik.com sur son parcours, son nouvel opus et sur son combat contre la piraterie.

Afrik.com : Vous étiez un des plus grands animateurs radio de Cotonou. Pourquoi avoir décidé d’embrasser une carrière derrière le micro ?

Richard Flash : Il ne s’agit en fait qu’un retour à la chanson. J’ai même quitté l’école pour m’adonner à ma passion. J’ai été le chanteur principal de l’orchestre « Master Star » à Cotonou et membre de la chorale des jeunes de la paroisse de Zogbo. En 1995, j’ai tout plaqué pour aller en Côte-d’Ivoire – j’ai même vendu ma mobylette (rire) – dans l’espoir d’y enregistrer une maquette. Malheureusement, cette aventure ne s’est pas avérée satisfaisante. Je suis rentré à Cotonou en 1997 et là tout s’est enchaîné. J’ai été à la fois disc jockey (au Memphis Club, ndlr), ambianceur (dans les cérémonies, baptêmes, mariages) et animateur ambulant avant de m’imposer sur les ondes radio derrière le micro à radio Star. Puis, d’animateur je suis passé à directeur des programmes. Mais je gardais toujours en tête mes ambitions dans la chanson. C’est pourquoi je me suis lancé avec un premier album qui a surpris tout le monde, Kissto, mais qui avait très bien marché.

Afrik.com : Vous êtes numéro un depuis plus d’un mois sur la radio Africa n°1, avec « Zé-Kêmi », extrait de votre second album du même nom. Quel effet cela-vous fait-il ?

Richard Flash : Je pense que c’est mon travail qui est reconnu. Cela me fait d’autant plus plaisir que je suis numéro un dans l’émission Kilimandjaro, qui est une grosse référence en matière de musique africaine. C’est une forme de consécration. Mais surtout une forme de reconnaissance qui prouve que j’ai évolué dans ma musique, du moins que j’ai réussi à faire un bon second album. Beaucoup de personnes m’attendaient au tournant après le succès de Kissto et je suis content de voir qu’ils ne sont apparemment pas déçus.

Afrik.com : Quelle différence faites-vous entre ce nouvel album et Kissto ?

Richard Flash : Il y a une grosse différence entre les deux produits. A savoir que, je suis, cette fois-ci, entièrement aux commandes. Je m’occupe de tout. C’est une autoproduction. La vérité est que je ne suis plus avec le même producteur. Nous ne nous étions pas mis d’accord sur les termes du contrat, et malheureusement aujourd’hui nous sommes séparés. Sinon, l’état d’esprit reste complètement le même. « On ne change pas une équipe qui gagne », comme on dit. C’est pourquoi on retrouve sur l’album des personnes comme Guy N’Sangué et Dominique Gengoul, la voix de Patricia Aubou, et surtout la magie de Thierry Doumergue, le « sorcier blanc ». Il y a aussi la participation de Maryline Précope pour les chœurs, Daniel ICEFD pour le toast, Nicolas Guéret au saxophone…

Afrik.com : Sans oublier Jean-Pierre Zabulon…

Richard Flash : Effectivement. Je chante avec lui « Racines », un titre qui me tient à cœur, car c’est l’occasion pour nous d’affirmer notre africanité. C’est très important de la revendiquer. Par exemple, beaucoup oublient que Toussaint Louverture, à l’origine de l’indépendance d’Haïti, vient du Bénin. D’ailleurs le zouk trouve ses origines en Afrique.

Afrik.com : « Zé-Kêmi », signifie pardonne moi en béninois. Qu’avez-vous à vous faire pardonner ?

Richard Flash : Nous sommes tous pécheurs. Au cours de ma vie, il m’est arrivé d’offenser pas mal de personnes. « Zé-Kêmi » est une manière de promouvoir un état d’esprit. Aujourd’hui, je trouve que les gens ne savent pas régler les différends de façon pacifique. On en vient aux mains pour un rien, voir aux armes dans certains cas. Pourquoi ne pas s’aimer et se pardonner tout simplement ? Certaines fois, il faut savoir mettre son orgueil de côté !

Afrik.com : Acceptez-vous l’étiquette afro-zouk qu’on vous colle ?

Richard Flash : À la base, j’adore la musique, et je refuse d’être catalogué. Ce n’est pas parce que je suis Béninois que je ne peux pas faire de zouk pur et dur. La musique est universelle, le message vient du cœur. Quand vous êtes sincère, les gens le ressentent. Et ce peu importe votre origine. En tout cas, bien que je chante dans des langues béninoises (fon, mina et en pedah, ndlr), je considère que je ne fais pas de l’afro-zouk, car je trouve ce terme réducteur. Il segmente artificiellement et inutilement le marché du zouk.

Afrik.com : Vous avez récemment menacé, à la télévision nationale, d’assigner le Bureau béninois des droits d’auteurs (Bubedra) en justice. Pourquoi ?

Richard Flash : Pour mettre le Bubedra en face de ses responsabilités. J’ai payé 500 000 FCFA pour poser des hologrammes de certification sur mes CD afin de lutter contre la piraterie, mais j’ai constaté que rien n’était concrètement mis en œuvre sur le terrain pour développer une politique de répression. J’ai menacé le bureau des droits d’auteur d’une action en justice pour le conscientiser sur son rôle. Il ne s’agit pas d’avoir une piraterie zéro, ce qui est pratiquement impossible, mais de freiner un phénomène qui se développe quasiment sans entrave dans le pays. Mon action vise à faire les choses.

Afrik : Estimez-vous que votre action peut s’avérer utile ?

Richard Flash : Oui et j’en veux pour preuve le fait que deux semaines plus tard, deux pirates ont été arrêtés par la police et jetés en prison. Le directeur du Bubedra n’a toutefois pas voulu me donner l’identité des pirates, ni le nombre de disques saisis. Le combat n’est donc pas vain. Mais je ne peux pas me taire lorsque je sais que l’on trouve mon album à 3 000 FCFA en pirate à Cotonou, alors que je les vends 10 000 FCFA. J’ai payé pour un service auprès du Bubedra et j’entends que ça ne soit pas pour rien. Quand il y a un trafic de faux billets, on trouve toujours les moyens de l’éradiquer et de le combattre. Pourquoi pas pour la musique ? Sans doute parce que chacun y trouve sa part. On sait que les disques pirates entrent par trois endroits, la frontière togolaise, la frontière nigériane et le port de Cotonou. Pour autant le Bubedra refuse toujours de mettre en place une police spéciale. Au lieu de cela, le directeur du Bubedra me rétorque que c’est aux artistes de descendre sur le terrain pour faire le travail.

Pour commander le disque en ligne

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News