C’est par un communiqué publié ce jour que le gouvernement du Mali vient d’annoncer la fermeture temporaire des médias français RFI et France 24. En cause, la diffusion de reportages reprenant les informations publiées par le Haut-Commissariat des Nations-Unies sur de possibles exactions commises par les FAMa contre des civils.
Le communiqué publié ce jour par le Gouvernement de la junte au pouvoir au Mali est fort et sans appel. Il rejette catégoriquement les allégations de Michelle Bachelet, la Haute Commissaire des Nations-Unies aux droits de l’Homme et par l’organisation humanitaire HRW qui mettent en cause les Forces armées maliennes accusées d’avoir assassiné des civils. En cause aussi, les reportages diffusés par les médias français RFI et France 24 qui ont repris ces accusations sur de possibles violations des droits humains dans le centre du pays.
Le communiqué signé du colonel Abdoulaye Maiga, porte-parole du gouvernement, annonce qu’une procédure est engagée pour suspendre, jusqu’à nouvel ordre, la diffusion radio de RFI et TV de France 24. Le communiqué va même plus loin, osant une comparaison entre RFI et la tristement célèbre Radio Mille Collines qui est liée au génocide au Rwanda de 1994.
RFI est un média particulièrement suivi et apprécié au Mali et dans l’Ouest de l’Afrique. S’il s’agit bien d’un média d’Etat français, la radio a, depuis des dizaines d’années, fait preuve d’une implication sans faille dans la couverture de l’actualité africaine, certains de ses journalistes y perdant même la vie. Si comme tout média la radio peut sans doute être accusée parfois de donner davantage la parole à un camps qu’à un autre, la comparer à un média lié au génocide rwandais enlève toute crédibilité à cette suspension. Rappelons qu’est visé officiellement un reportage qui ne fait que reprendre et suivre des accusations venant de l’organisation des Nations-Unies elle même ! Le gouvernement malien ciblant dans son communiqué un reportage diffusé les 14 et 15 mars, dans lequel RFI a donné la parole à des victimes présumées d’exactions qui auraient été commises par l’armée malienne et le groupe privé russe Wagner. On peut craindre qu’à travers cette suspension, l’objectif de la junte soit surtout de contrôler totalement la diffusion des informations sur ce qui se passera dans le pays, ce qui n’est pas sans danger pour l’avenir du système démocratique.
Selon les constatation de l’Agence France Presse, les deux médias poursuivaient cependant encore leur diffusion ce jeudi matin.