Révision de la Constitution en RDC : l’UDPS joue-t-il un jeu risqué ?


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Augustin Kabuya
Augustin Kabuya

En RDC, le débat sur la révision de la Constitution par l’UDPS suscite des inquiétudes, entre nécessité de réforme et ambitions de pérennisation du pouvoir.

En République démocratique du Congo (RDC), un débat brûlant agite la scène politique : la révision de la Constitution. L’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), parti présidentiel, semble résolue à ajuster le texte fondamental de 2006, une décision qui suscite une vive opposition. Alors que certains y voient une simple mise à jour légitime, d’autres dénoncent une tentative de pérenniser le pouvoir du président Félix Tshisekedi. Cette initiative divise profondément la classe politique et la société civile, et pourrait redessiner le paysage politique du pays.

L’UDPS persiste dans son projet de révision

Le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, ne cache pas son ambition de réviser la Constitution de la RDC. Pour lui, ce texte de 2006, hérité de l’ère Joseph Kabila, doit être modifié pour répondre aux besoins actuels du pays. L’UDPS défend cette révision comme une nécessité pour lever certains obstacles institutionnels qui freinent l’efficacité de l’État. Kabuya insiste sur le fait que d’autres nations révisent régulièrement leurs Constitutions, et qu’il est normal pour une démocratie d’adapter ses lois fondamentales aux réalités contemporaines.

Cependant, cette volonté de révision est perçue par une partie de l’opposition comme une manœuvre pour consolider le pouvoir de Félix Tshisekedi, réélu en 2023. Claudel André Lubaya, figure éminente de l’opposition, accuse le camp présidentiel de vouloir supprimer la limitation des mandats pour transformer la présidence en une « monarchie déguisée ». Lubaya rappelle que même Joseph Kabila, malgré ses velléités de rester au pouvoir, n’avait pas touché à cette disposition cruciale. Pour lui, cette initiative n’est rien de moins qu’une tentative de conserver le pouvoir à tout prix.

Le rôle de la société civile et des figures influentes

Outre les opposants politiques, la société civile s’inquiète de cette volonté de révision. Plusieurs ONG, dont l’Association Africaine de Défense des Droits de l’Homme (ASADHO), ont dénoncé cette démarche, la qualifiant d’une violation des principes démocratiques. L’Église catholique, voix influente en RDC, n’a pas encore officiellement pris position, mais son intervention dans ce débat pourrait jouer un rôle déterminant dans l’évolution de la situation.

Le débat sur la révision de la Constitution en RDC pose une question fondamentale : cette révision est-elle vraiment nécessaire pour l’amélioration du fonctionnement de l’État, ou s’agit-il d’une simple manœuvre politique ? Pour l’UDPS, il s’agit d’une promesse électorale à tenir et d’une opportunité pour réformer des lois dépassées, y compris la loi électorale. Mais les critiques estiment que l’objectif inavoué de cette révision est de garantir à Félix Tshisekedi un pouvoir prolongé, au-delà des limites constitutionnelles.

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