Révision de la Constitution en RDC : Kabila, Fayulu et Katumbi, tous unis contre Tshisekedi


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Le Président de la RDC, Félix Tshisekedi
Le Président congolais, Félix Tshisekedi

Kinshasa, ce mercredi, les principales forces de l’opposition congolaise, dont le FCC, Lamuka et Ensemble pour la République, se sont unies pour dénoncer le projet de révision de la Constitution porté par le Président Félix Tshisekedi. Une alliance inédite face à une initiative qu’elles jugent menaçante pour la cohésion nationale..

Il ne faut jamais dire jamais. Surtout pas en politique où des ennemis irréductibles d’hier peuvent devenir des amis d’aujourd’hui, ou de farouches adversaires peuvent devenir des alliés très proches. C’est ce à quoi on assiste actuellement en RDC où le FCC de Joseph Kabila, Lamuka de Martin Fayulu et le parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi ont décidé de faire front commun contre le projet de révision de la Constitution porté avec vigueur par le Président Félix Tshisekedi.

Une déclaration commune

C’est le siège de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) qui a servi de cadre, ce mercredi, à la sortie médiatique des principales forces de l’opposition congolaise à savoir : la coalition FCC de l’ancien Président Joseph Kabila, la coalition Lamuka de Martin Fayulu, le parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi. Des formations politiques dont les leaders sont farouchement opposés les uns aux autres. Mais, qui ont décidé cette fois-ci de se mettre ensemble pour combattre ce qu’ils appellent dans leur déclaration « une menace grave contre la cohésion nationale et une haute trahison de la part » du chef de l’État.

Dans cette déclaration, « les forces politiques et sociales appellent le peuple congolais à se lever comme un seul homme pour faire échec à ce plan diabolique visant le changement de notre Constitution et qui va consacrer à coup sûr la balkanisation de notre pays, la République Démocratique du Congo ».

L’opposition dénonce les « affirmations mensongères » de Félix Tshisekedi

Les conférenciers ont remis en cause beaucoup de propos tenus par le Président Tshisekedi au sujet de la Constitution ces derniers jours : « Contrairement aux affirmations mensongères de Monsieur Tshisekedi prétendant que la Constitution du 18 février 2006 serait l’œuvre des étrangers, celle-ci est issue du travail des Congolais réunis à Simisimi dans la ville Kisangani. Elle a été rédigée par le Parlement congolais et adoptée par le peuple au référendum dans sa très grande majorité exprimée à 85% ». Pour les forces politiques de l’opposition, cette Constitution « est l’expression de notre souveraineté nationale et ne constitue en aucun cas une imposition, ni des belligérants ni des puissances étrangères ».

Au sujet des déclarations de Félix Tshisekedi sur l’article 217 de la Constitution, les conférenciers soutiennent : « Il n’y a rien de plus faux que l’affirmation de Monsieur Felix Tshilombo, déclarant à Lubumbashi que l’article 217 est responsable de l’occupation de nos terres par des étrangers ; là, il confond la notion de souveraineté avec la cession de terre. Est-il besoin de rappeler que dans notre pays, selon l’art.214 al. 2 de la Constitution, aucun millimètre du territoire national ne peut être cédé à quiconque sans l’accord préalable du peuple congolais, consulté par référendum ? »

Un véritable réquisitoire contre la gouvernance du Président Tshisekedi

Revenant aux problèmes que rencontre actuellement la RDC, les opposants avancent que rien dans la Constitution actuelle n’empêche Félix Tshisekedi d’apporter des solutions aux problèmes cruciaux des Congolais, notamment le paiement de salaires décents aux fonctionnaires, l’accès à l’eau potable, à l’électricité, à des soins de qualité, etc.. Mais, il a également été question de la récupération de Bunagana et des autres localités contrôlées par le M23 dans l’est du pays, qui ne nécessite nullement une révision de la Constitution pour être effective.

D’autres problèmes comme la corruption et les détournements de deniers publics qui minent sérieusement la RDC peuvent aussi se régler sans que l’on touche à la Constitution. « Dès lors, l’initiative de changement ou de révision de la Constitution est totalement injustifiée, inopportune, illégale, anticonstitutionnelle, une menace grave contre la cohésion nationale et une haute trahison de la part de Monsieur Tshilombo », ont martelé les opposants. De leur avis, en voulant retoucher à la Constitution, le Président Tshisekedi n’a d’autre ambition que de « briguer un 3ème mandat, en violation de l’article 70 qui limite le nombre des mandats présidentiels à 2 et de l’article 220 qui impose, entre autres, que le nombre et la durée de mandat du Président de la République ne peuvent faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle ».

Les « forces politiques et sociales » réunies, ce mercredi, en affirmant avec véhémence leur opposition farouche à ce « projet macabre », ont annoncé dans les jours à venir « des manifestations citoyennes à travers tout le pays et dans la diaspora » en vue de défendre la Constitution.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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