Révision de la Constitution : la République centrafricaine rame à contre-courant


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Faustin Archange Touadéra
Faustin Archange Touadéra, Président de la Centrafrique

L’actualité politique en République centrafricaine tourne surtout autour du projet de révision constitutionnelle que le Président Faustin-Archange Touadéra soutient de toutes ses forces. Un projet qui prend le contre-pied des règles d’alternance dans un régime démocratique.

La population centrafricaine est attendue dans les urnes, le 30 juillet, pour se prononcer sur le projet de nouvelle Constitution porté par le Président Faustin-Archange Touadéra. Un projet qui, selon l’opposition, vise à maintenir indéfiniment l’actuel chef de l’État au pouvoir. Et ce n’est pas sans raison : le nouveau texte veut faire sauter le verrou de la limitation des mandats consacrée par la Constitution de 2016 actuellement en vigueur. Ainsi, la République centrafricaine veut emprunter un chemin contraire à celui de beaucoup de pays africains qui s’efforcent de limiter à deux le nombre de mandats présidentiels. Même si dans les faits, beaucoup de dirigeants sont prêts à retoucher la Constitution, autant de fois que nécessaire, pour contourner cette limitation.

Mieux, avec cette Constitution que le Président veut faire adopter par ses compatriotes, la durée du mandat présidentiel va passer de cinq à sept ans. Ce faisant, la République centrafricaine veut aller contre l’air du temps. En effet, alors que sur le continent, la tendance est à la suppression du septennat – les derniers exemples sont le Sénégal et le Gabon – c’est maintenant que la République centrafricaine veut basculer dans le régime de sept ans.

Faustin-Archange Touadéra : un fou du pouvoir ?

De ce qui précède, l’envie de Faustin-Archange Touadéra de rester le plus longtemps possible au pouvoir semble ne souffrir d’aucune ambiguïté. D’ailleurs, la mise à la retraite en janvier 2023 de Danièle Darlan alors présidente de la Cour constitutionnelle après l’annulation, en septembre dernier, des décrets du président de la République visant à créer un comité chargé de rédiger une nouvelle Constitution est un signe qui ne trompe personne.

Et dans le camp présidentiel, on ne fait pas mystère des ambitions de Faustin-Archange Touadéra. « Il n’y aura pas de troisième mandat, mais les compteurs seront remis à zéro avec une nouvelle Constitution, et il y aura un nouveau mandat que tout le monde pourra briguer, y compris le Président Touadéra, s’il le souhaite », a affirmé sans ambages, en mai, Fidèle Gouandjika, ministre conseiller spécial du chef de l’État.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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