Afrik.com a pu joindre au téléphone l’artiste guinéen Sekouba Bambino qui se trouvait, ce vendredi matin, dans l’hôtel Radisson de Bamako pris d’assaut par des hommes armés. Le chanteur a été libéré dans la matinée par l’armée malienne et conduit en lieu sûr. Il devait donner un concert ce vendredi 20 novembre à Bamako. L’événement est annulé. Le musicien qui a entendu un échange entre les assaillants révèle qu’ils s’exprimaient en anglais.
Sekouba Bambino, qui était par ailleurs en concert au Piper Pan (11ème) à Paris, le 31 octobre dernier, et a vécu les attentats de Paris le 13 novembre, l’a encore une fois, échappé belle. Il nous livre son témoignage sur les événements de Bamako.
« Je les ai entendus recharger leurs armes »
« Je me suis réveillé peu après 6 heures pour faire ma prière, et j’ai entendu comme un coup de fusil. J’ai pensé à des pétards. Les coups se sont reproduits, si bien que j’ai essayé de joindre la réception par téléphone pour demander ce qui se passait. La réception était injoignable, et presque aussitôt, j’ai compris qu’il s’agissait d’une agression », raconte le musicien qui a encore des sueurs froides rien que le fait de repenser aux évènements..
« Je me suis couché sous le lit, dans ma chambre 427 du quatrième étage. Deux des agresseurs se tenaient dans le couloir, tout à côté de ma chambre, je les ai entendu recharger leurs armes et échanger quelques mots. Ils parlaient anglais, à ce qu’il m’a semblé avec un accent nigérian, mais je n’en suis pas sûr », a révélé l’artiste qui dit être « resté où j’étais pendant que de longues minutes passaient. A un moment, environ une heure et demie plus tard, des hommes ont frappé à ma porte, je n’ai pas bougé, je pensais qu’il s’agissait des assaillants. Les hommes m’ont crié qu’ils étaient de l’armée malienne, je n’en ai rien cru sur le moment, jusqu’à ce que je les entende parler en bambara (une des principales langues du Mali) ».
« L’armée m’a exfiltré et conduit au Palais des Congrès »
« Alors je suis sorti de ma cachette en me disant que je jouais le tout pour le tout et j’ai ouvert. Cinq à six soldats maliens m’ont escorté vers les sous-sols de l’hôtel. Il y avait de la fumée partout, des gaz lacrymogènes. L’armée m’a exfiltré et conduit au Palais des Congrès avec d’autres otages libérés. Je suis en sécurité », a témoigné Sékouba Bambino qui ne manque pas de dire son amertume. « Tout ceci est terrible. Le Mali ne mérite pas ce qui se passe, c’est un pays qui a repris de l’élan pour repartir d’un bon pied après les attaques djihadistes qu’il a subies. C’est décourageant. Je ne peux vraiment pas imaginer une seconde au nom de quelle cause on pourrait vouloir tuer ainsi des gens ».
Pour conclure, l’artiste rend grâce à Dieu. « Je remercie Dieu de m’avoir fait sortir de là, j’ai déjà eu de la chance à Paris vendredi dernier, alors que je me trouvais tout près du Bataclan ce soir-là. Chacun de nous doit se lever pour dénoncer et combattre ce fléau djihadiste. Je le ferai aussi avec une chanson en m’inspirant de ces tragiques événements ».