Réunion des ministres de l’Alliance des États du Sahel : un nouveau cap franchi


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Assimi Goïta, Abdourahamane Tiani et Ibrahim Traoré
Assimi Goïta, Abdourahamane Tiani et Ibrahim Traoré

Réunis dans la capitale burkinabè, les ministres de l’AES (Alliance des États du Sahel) se sont penchés sur des questions d’intérêt commun aux trois pays. Toutefois, l’acte majeur de cette réunion aura été l’élaboration d’un traité portant création d’une Confédération réunissant les trois pays.

L’aventure lancée, le samedi 16 septembre 2023 par les dirigeants burkinabè, malien et nigérien, à travers la mise sur pied de l’Alliance des États du Sahel continue de faire son chemin, s’affermissant chaque jour un peu plus. Lors de la signature de la Charte du Liptako-Gourma, les trois dirigeants confiaient à l’alliance naissante le rôle « d’établir une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle au bénéfice de nos populations », avait précisé le Président Assimi Goïta du Mali. Dans ce sens, la nouvelle structure visait à mutualiser les efforts des trois États dans la lutte contre le terrorisme qui sévit sur chacun de leurs territoires, depuis des années. Au-delà du terrorisme, l’AES s’était également donné la mission de lutter contre la criminalité organisée, les rébellions armées.

Retrait de la CEDEAO…

L’article 6, de la Charte du Liptako-Gourma précise que « toute atteinte à la souveraineté et à l’intégrité du territoire d’une ou plusieurs parties contractantes sera considérée comme une agression contre les autres parties et engagera un devoir d’assistance et de secours de toutes les parties, de manière individuelle ou collective, y compris l’emploi de la force armée pour rétablir et assurer la sécurité au sein de l’espace couvert par l’Alliance ». Cet article fait de l’Alliance des États du Sahel la riposte des trois pays à la menace brandie à l’époque par la CEDEAO d’attaquer militairement le régime de Niamey pour réinstaller au pouvoir le Président déchu Mohamed Bazoum.

Entre septembre 2023 et février 2024, il s’est écoulé quelques mois. Beaucoup de choses ont évolué. Les discussions normalement prévues entre la CEDEAO et le Niger, le 12 janvier, n’ont pas pu se tenir. Pour des raisons techniques selon la CEDEAO, lesquelles raisons ont été interprétées comme de la mauvaise fois par Niamey. Deux semaines plus tard, le dimanche 28 janvier, les trois États annoncent leur décision de se retirer de la CEDEAO avec effet immédiat. La bonne volonté affichée par la CEDEAO pour un règlement du problème avec le dialogue n’a eu aucun effet sur les dirigeants burkinabè, malien et nigérien. Leur décision est prise et irrévocable, disent-ils unanimement.

…pour un renforcement de l’AES

Se retirant de la CEDEAO, les trois États veulent alors resserrer leurs liens. D’où le renforcement de l’AES qui se voit doter d’un traité portant sur la Confédération des États du Sahel regroupant le Burkina Faso, le Mali et le Niger, une version révisée de la Charte de création de l’Alliance. À l’issue de leur réunion préparatoire d’un sommet des chefs d’État, jeudi, la vingtaine de ministres qui se sont retrouvés à Ouagadougou ont présenté au capitaine Ibrahim Traoré les fruits de leurs travaux.

« Les experts ont, en effet, mené la réflexion sur des sujets d’intérêt commun aux peuples des trois États, élaboré un traité portant création d’une Confédération réunissant les trois pays et formulé des propositions pour une architecture institutionnelle de l’AES qui devrait lui permettre de fonctionner efficacement », a indiqué un communiqué de la Présidence du Faso. Un pas important vient d’être franchi dans la marche vers l’intégration entre les trois pays sahéliens.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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