Les plus hauts dirigeants du Continent se sont réunis vendredi, apparemment décidés à édifier une nouvelle Afrique, indépendante et dynamique. Le sommet du Nepad, axé sur cette réappropriation de l’Afrique par ses chefs, a pourtant eu lieu… à l’Elysée, sous la houlette du président français. Une conférence très classique, à la veille des élections présidentielles dans l’hexagone.
Dix chefs d’Etat du Continent, le vice-président sud-africain et les chefs de gouvernement éthiopien et mauricien se réunissent autour de Jacques Chirac, vendredi, à l’Elysée. Il s’agit de tenter de donner corps au projet de Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (Nepad), destiné à relancer l’économie du continent. De prime abord, on pourrait croire à un véritable bouleversement. Au menu : définition d' » une approche nouvelle du développement de l’Afrique « , selon Jacques Chirac, de nouveaux partenariats entre l’Afrique et les pays occidentaux, et même d’une nouvelle Afrique, plus responsable. Mais au-delà des discours éloquents, rien de très surprenant ne marquera cette réunion. Les dirigeants demandent des fonds, le président français compatit.
Langue de bois et bailleurs de fonds
Le nouveau partenariat pourrait se résumer par ces mots de Jacques Chirac : » Notre solidarité doit répondre à cette nouvelle approche contractuelle fondée sur la responsabilité et sur des objectifs concrets et précis « . Vaste projet, qui n’en est, depuis deux ans, qu’à ses prémisses. En parallèle à ce chantier en latence, le deuxième enjeu du sommet occupe donc très vite le devant de la scène : l’implication des bailleurs de fonds dans le continent délaissé.
Le chef de l’Etat français se propose comme intermédiaire entre les pays d’Afrique et le sommet du G8 qui doit se tenir en juin prochain, à Kananaskis (Canada). Selon lui, le fameux » nouveau partenariat » a déjà eu les faveurs de ce petit groupe de pays industrialisés lors du dernier sommet de Gênes.
Présidentielles en vue
A 73 jours des élections présidentielles françaises, Jacques Chirac commence ainsi furtivement sa campagne, en assurant de son soutien les dirigeants africains. Il profite également de l’occasion pour souligner la nécessité, à ses yeux, d’un relèvement de l’Aide publique au développement (APD). Petit pavé dans la marre du gouvernement.
Pour conclure cette réunion sans doute plus diplomatique qu’économique, il a convié à dîner ses hôtes francophones, les chefs d’Etat gabonais, camerounais et sénégalais. Samedi, tandis qu’Abdelaziz Bouteflika sera reçu par le Premier ministre Lionel Jospin, Jacques Chirac déjeunera en compagnie de l’Egyptien Hosni Moubarak.