Dans quelques heures, 2024 finira sa course pour laisser la place à une nouvelle année, 2025. L’actualité politique et sociale du continent africain a été marquée par une série d’événements dont Afrik.com a sélectionné quelques-uns parmi les plus marquants dans cet article.
Parmi les faits les plus marquants en 2024 en Afrique, il y a le retrait de la CEDEAO du Burkina Faso, du Mali et du Niger, la victoire de l’équipe de Côte d’Ivoire à la CAN, l’élection de Bassirou Dimaye Faye au Sénégal, l’alternance exemplaire au sommet de l’État au Botswana et au Ghana, etc..
Sortie de la CEDEAO du Burkina Faso, du Mali et du Niger
Le mois de janvier 2024 allait finir quand le Burkina Faso, le Mali et le Niger en froid avec la CEDEAO depuis les différents coups d’État intervenus dans chacun de ces pays et particulièrement depuis le putsch du 26 juillet 2023 qui a mis un terme à la présidence de Mohamed Bazoum, ont unanimement décidé de se retirer de l’organisation. Cette décision de retrait que les trois pays ont voulu « sans délai » est annoncée dans un communiqué lu à la télévision nationale du Niger, le dimanche 28 janvier 2024 par le porte-parole du CNSP, le colonel-major Abdramane Amadou.
Les tractations initiées par les chefs d’État de la CEDEAO pour éviter ces départs n’ont abouti à rien. Pas même la médiation confiée au nouveau Président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye. Les militaires à la tête du Burkina Faso, du Mali et du Niger sont restés accrochés à leur décision qu’ils ont d’ailleurs confirmée tout récemment en décembre. Pour ces pays, l’Alliance des États du Sahel (AES) créée en septembre 2023 et érigée en confédération en juillet 2024 est devenue leur principal creuset d’intégration à l’échelle régionale, même s’ils demeurent membres de l’UEMOA.
La Côte d’Ivoire sur le toit de l’Afrique
Dimanche 11 février 2024. Toute l’Afrique et même le monde entier ont eu droit à une finale épique de la CAN 2023 remportée par le pays organisateur, la Côte d’Ivoire, qui croisait le crampon avec le Nigeria de Victor Osimhen. La victoire finale de l’équipe ivoirienne sur la sélection nigériane tient son caractère exceptionnel du parcours même des Éléphants au cours de la phase de poules. Un piètre parcours à l’issue duquel ils se sont qualifiés in extremis en tant que meilleur troisième grâce à une victoire du Maroc sur la Zambie. Au cours de la phase de poules, les Éléphants n’ont eu qu’une seule victoire en battant la Guinée-Bissau par 2 buts à 0 lors du match d’ouverture de la compétition. Le pays organisateur croyait avoir ainsi débuté une belle compétition.
Mais, très vite, la désillusion sera totale avec la défaite contre le Nigeria, 1 but à 0 au cours de la deuxième journée. La troisième journée, ce sera l’humiliation avec une équipe de Guinée équatoriale qui a douché la sélection ivoirienne avec un score ans appel de 4 buts à 0. Débutèrent alors les calculs pour la quête de la place de meilleur troisième qui fut obtenu à l’issue de la troisième journée où le Maroc s’est imposé face à l’équipe zambienne par 1 but à 0.
Le remplacement du sélectionneur Jean-Louis Gasset par l’international ivoirien Emerse Faé changea de fond en comble le mental des joueurs qui ont réussi à éliminer successivement le champion en titre, le Sénégal, le Mali, la RDC avant d’aller retrouver en finale le Nigeria pour une revanche prise de fort belle manière. Tout un pays était alors uni autour de son équipe. Au total, l’Afrique et le monde eurent droit à de très beaux moments au cours de cette CAN des surprises que les Ivoiriens eux-mêmes ont baptisée « la plus belle CAN ».
Élection de Bassirou Diomaye Faye
Après l’euphorie suscitée par la belle CAN ivoirienne, les regards se sont vite tournés vers le Sénégal où Macky Sall voulait s’offrir un mandat cadeau en reportant au 15 décembre la Présidentielle normalement prévue pour le 25 février 2024. Mais, le Président sénégalais croisa sur son chemin les juges du Conseil constitutionnel qui lui opposèrent un refus catégorique. L’institution garante du respect de la Constitution a cassé la loi consacrant le report de l’élection. Macky Sall est sommé d’organiser la Présidentielle dans les meilleurs délais. Une date est retenue : le 24 mars 2024. Le leader de l’opposition, Ousmane Sonko, inéligible, positionne son bras droit, Bassirou Diomaye Faye. Les deux hommes libérés de la prison à quelques jours du scrutin se jettent dans la campagne présidentielle, drainant des foules entièrement acquises à leur cause.
Une popularité qui s’est effectivement traduite dans les urnes le 24 mars où la victoire de Bassirou Diomaye Faye était sans appel au premier tour. Le candidat du Pastef a obtenu 54.28 % des suffrages exprimés contre 35.79 % pour Amadou Ba, le ticket de la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakaar. Le dauphin désigné de Macky Sall n’a pas tardé à reconnaître sa défaite et, dans un geste exemplaire, à féliciter son challenger. Le Sénégal a ainsi confirmé sa place de grande démocratie en Afrique. Cet exemple d’alternance réussie, on en a vu ailleurs sur le continent au cours de cette année 2024.
Botswana, Ghana : des modèles de démocratie à côté des « mauvais élèves »
En dehors du Sénégal qu’on peut citer comme un modèle de démocratie où l’alternance s’est déroulée en douceur en cette année, il faut aller en Afrique anglophone pour voir les autres exemples. C’est le cas du Botswana où les élections législatives se sont déroulées, le 30 octobre 2024. Le lendemain, le Président sortant, Mokgweetsi Masisi, n’a même pas attendu la fin du décompte des voix avant de reconnaître sa défaite et de féliciter son rival, Duma Boko.
Une alternance retentissante d’autant plus que c’est la première fois depuis l’indépendance du pays en 1966 que le parti démocratique du Botswana (BDP) perd le pouvoir. La particularité du Botswana, c’est sa solide réputation de pays stable où les élections ont rarement fait l’objet de contestations. Plus récent encore est la Présidentielle au Ghana qui s’est soldée par la victoire haut la main de l’ancien Président John Dramani Mahama face au Vice-président, Mahamudu Bawumia, candidat du parti au pouvoir. Ce dernier, comme dans le cas de Mokgweetsi Masisi, a reconnu sa défaite avant même la proclamation des résultats par la Commission électorale, et félicité son vis-à-vis.
Pendant ce temps, l’Afrique francophone continue de livrer le spectacle désolant d’élections truquées sans vergogne comme au Togo de Faure Gnassingbé où les Législatives d’avril 2024 ont été remportées sans surprise par le parti au pouvoir qui a raflé 108 des 113 sièges disponibles dans un pays où la Constitution vient d’être révisée et où le Président en poste depuis 2005 a encore beaucoup d’années de règne devant lui, sans doute. On peut également évoquer le cas du Tchad de Mahamat Idriss Déby Itno en mai 2024 où la victoire écrasante du Président de la transition avait même entraîné des « tirs de joie » pour arracher des vies innocentes.