Retrait des troupes françaises au Mali : une opération à risque


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La France a prévu le début du retrait de ses troupes au Mali en mars. Les forces africaines qui commencent à être déployées devraient donc prendre le relai. Mais elles ne seront pas opérationnelles avant six mois. La guerre est en effet loin d’être finie. Paris va devoir aussi se pencher sur la question du conflit qui oppose le nord et sud du pays.

La guerre au Mali prend une nouvelle tournure. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a annoncé le début du retrait des troupes françaises pour mars dans une interview accordé au quotidien Métro : « Je pense qu’à partir de mars, si tout se passe comme prévu, le nombre de troupes françaises devrait diminuer ».

Pour le moment, près de 4 000 soldats français sont déployés sur le terrain depuis le début de l’engament de la France au Mali, le 11 janvier dernier. « La France n’a pas vocation à rester durablement au Mali. Ce sont les Africains et les Maliens eux-mêmes qui doivent être les garants de la sécurité, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de ce pays », a assuré le chef de la diplomatie française.

En clair, les troupes africaines devraient progressivement prendre le relais. Mais pour le moment mal entraînées et sous-équipées, les forces de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), baptisées « Mission internationale au Mali » ne sont pas opérationnelles. Elles devraient atteindre 6 000 hommes au total. Mais elles ne seront pas prêtes avant au moins six mois, selon le ministre français de la Défense, Jean Yves Le drian.

Peu de soldats de la Cedeao sur le terrain

Pour l’heure, tous les pays de la Cedeao n’ont pas encore déployés leurs soldats sur le terrain. Seul le Niger, Burkina Faso, Togo et Nigeria ont envoyé des troupes au sol dans le nord du pays. Les militaires nigérians, burkinabè et togolais mènent actuellement des opérations de ratissage entre Ségou et Gao. Les soldats nigériens sont quant à eux basés à Gao. Le Sénégal n’a envoyé que 50 hommes et le Ghana que quatre, selon le ministère français de la Défense. Ces derniers ne sont d’ailleurs pas sur le terrain.

Le Tchad a envoyé 2 000 hommes basés à Kidal. Contrairement à ceux de la Cedeao, Les soldats tchadiens sont réputés pour leur efficacité sur les combats au sol et leur parfaite connaissance de la région sahélienne. D’ailleurs, Paris porte en grande partie ses espoirs sur les bataillons tchadiens car elle sait qu’elle ne peut compter pour le moment sur les troupes de la Cedeao, vue la lenteur de leur déploiement sur le terrain. Même si les islamistes ont fui, ils sont toujours présents. Désormais, le but des prochaines opérations militaires est de les traquer un à un. L’une des étapes les plus difficiles.

Une guerre coûteuse

La France évite à tout prix un enlisement du conflit malien. La guerre a en effet un coût. « L’intervention militaire française a coûté 70 millions d’euros à ce jour », a déclaré mercredi le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian lors d’une audition parlementaire fermée à la presse, rapporte Le Parisien dans son édition parue ce jeudi. En clair, cinquante millions d’euros ont été dépensés pour transporter les soldats et leurs équipements en Afrique. Plus précisément, cette intervention aura coûté 2,7 millions d’euros par jour.

Une facture beaucoup plus salée que celle de la guerre en Libye (1,6 million par jour) ou en Afghanistan (1,4 million) ». Mais pour le ministère de la Défense, « ce calcul n’est pas pertinent. On ne peut pas comparer des conflits de durée et de nature différents », rappelant que « 10 000 tonnes de matériel en quinze jours », ont été acheminés. « C’est autant que ce que nous avons transporté en un an lors du retrait d’Afghanistan », précise le ministère de la Défense. De même, les primes touchées par les soldats représentent également un coût important. En effet, « lorsqu’ils sont en opération, les militaires doublent, voire triplent leur solde. Résultat : ces rémunérations supplémentaires ont déjà couté 5 millions d’euros aux contribuables », précise Le Parisien.

Le dossier épineux de la réunification du Mali

Un coût considérable qui a aussi poussé Paris à réclamer à l’Onu le déploiement des casques bleus, qui devraient être renfloués par les troupes africaines. Pour le président béninois Yayi Boni, reçu ce mercredi à l’Elysée par son homologue François Hollande, la France doit « naturellement continuer à jouer son rôle de leadership », même si elle retire ses forces au Mali.

Toutefois, Jacques Hogard, ex-colonel de l’armée française, met en garde contre un risque d’une détérioration de la situation au Mali si la France se retire trop vite du pays. « La France ne devra pas partir trop vite du Mali car la solution pour régler la crise malienne n’est pas que militaire », affirme-t-il. Pour la simple raison que l’« on ne règle jamais définitivement un problème par les armes. Il faudra résoudre la question de l’Azawad. Pour cela, il faudra instaurer un dialogue constructif avec les populations du nord disposées à rétablir la paix dans la région ».

Des négociations allant dans ce sens sont toujours en attente. La fracture entre le nord et le sud du Mali ne cesse de s’aggraver. Comment réunifier un pays aujourd’hui plus que jamais divisé ? C’est l’une des questions à laquelle la France devra aussi répondre.

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